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Delius, une chanson d'été
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Sabrina Calvo
XIXème siècle. Un poète assassin sème la terreur autour du monde, ses victimes sacrifiées aux cours d’horribles rituels floraux. Sur ses traces, Bertrand Lacejambe, un botaniste excentrique et son fidèle Fenby, elficologue amateur. Aux portes de la folie et de la magie, ils vont devoir braver les dangers de Féerie pour dévoiler la terrible menace que fait peser le Diadème sur nos rêves.
Critique
Par Nephtys, le 09/09/2019
Délius est la réédition d’un roman déjà paru, qui nous revient aux éditions Mnémos pour cette rentrée fantasy littéraire. La couverture de Cindy Canévet, quant à elle, accroche le regard et enjoint tout de suite les futurs lecteurs à un instant de rêverie.
Frédérick Délius n’est pas le plus connu des compositeurs, pas plus qu’il n’est le héros de ce roman portant son nom mais il en est l’une des ombres. Au lieu de cela, nous suivons les pérégrinations de Lacejambe, un botaniste, et Fenby, son acolyte, dont le nom parlera à ceux connaissant la vie de Délius et/ou la chanson de Kate Bush à propos du compositeur, une autre source d’inspiration de Sabrina Calvo.
Ce duo entre hommage et réécriture à un autre plus connu, Holmes et Watson, se retrouve donc à enquêter sur une série de meurtres étranges où les fleurs semblent avoir leur importance. Bien…
Absurde, poétique, loufoque, si le roman se veut comme tel, il en oublie tout d’abord de bien poser les bases de son univers. Sur une histoire finalement assez courte, cela donne plus l’impression d’une succession de tableaux que d’un livre à part entière et Lacejambe, le botaniste, se trouve être la parfaite incarnation des ambitions du roman et de ses défauts.
Sherlock Holmes marseillais, on ne sait jamais s’il se démarque réellement ou non dans l’univers qu’il habite. Une description de son lieu de travail le présente comme quelqu’un de loufoque et d’inventif mais son acolyte, Fenby, l’est tout autant à sa manière, de même que quelques uns des autres personnages croisés. Le héros peine donc à se distinguer et l’on comprend peu pourquoi on en vient à faire appel à lui pour une série de crimes s’étalant sur plusieurs pays.
Un voyage en bateau jusqu’en Amérique montre que les moyens de locomotions sont très conventionnels, de même que la présence de trajets en train. Les règles pour voyager sont donc proches de celles de notre monde à nous, et nous avons malgré tout ce tueur qui ne se soucie pas des frontières. L’absurdité poétique voulue par le roman se retrouve donc tranchée par des choses plus terre à terre et plutôt que d’être porté par l’histoire, le lecteur se retrouve à devoir deviner ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. En conclusion, l’univers est trop peu défini pour porter l’histoire, ses personnages et ses ambitions…
Autre miroir des volontés de l’autrice concernant le ton du roman : les dialogues. Ceux-ci se veulent musclés, rythmés, avec des échanges quasi-théâtraux de répliques entre les protagonistes. On y retrouve des influences du théâtre de l’absurde et l’on peut facilement penser à Beckett ou Ionesco. Malgré tout, la plupart des dialogues appliquent cette même recette, leur enlevant leur punch et leur originalité par la même occasion, et l’humour présent y est donc toujours le même. Plutôt qu’un comique de répétition, cela semble parfois un peu trop mécanique…
Parlons enfin de l’enquête policière : celle-ci n’est finalement pas si au centre de l’intrigue que cela et il ne faut pas prendre le livre en s’attendant à lire une histoire ponctuée de cadavres (et de fleurs), avec un suspens policier. Par contre, des fleurs, oui il y en a…
Malgré tout, Délius se lit vite. Le style d’écriture est particulier, peut-être un peu lourd selon certains goûts, mais il s’agit également de la réédition d’un premier roman avec les faiblesses que cela comporte.
Peut-être que le roman ne maîtrise pas assez ses propres codes pour convaincre, cela n’empêche pas de saluer bien bas les ambitions et l’imagination de Sabrina Calvo car peu importe le résultat, prendre des risques pour raconter une histoire sortant des sentiers battus n’est certainement pas chose facile et peu importe la note ou la critique, cela n’enlève en rien tout le travail mené par l’autrice concernant ce roman.
Pour conclure, ses particularités donnent à Délius ses qualités et ses faiblesses. À noter que le deuxième tome, la Nuit des Labyrinthes, sera également réédité par Mnémos si l’on en croit la petite note en fin de roman.
6.5/10
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