Vingtième roman des annales du Disque monde et quatrième du cycle de la mort, le Père Porcher voit de nouveau la Mort tenter de s'opposer aux intrigues des contrôleurs de la réalité, déjà rencontrés dans le Faucheur. La haine de ces derniers envers l'humanité, la vie et l'imagination les amène ici à orchestrer l'élimination du Père Porcher, afin de l'effacer des croyances collectives. Face à ce péril, la Mort, toujours escorté d'Albert, revêt donc un déguisement de Père Porcher et tente d'assurer les fonctions et la tournée de ce dernier dans une nuit ne ressemblant à aucune autre.
Un des ressorts comiques du roman repose ainsi sur le fait que la Mort se retrouve à endosser un rôle bien éloigné de ses habitudes, reprenant ainsi une partie de ce qui avait fait la réussite du Faucheur. Si plusieurs de ces passages ne manquent pas de sel, la réussite de cet ouvrage repose également sur les épaules de Suzanne Sto Hélit, sa petite-fille, apparue précédemment dans Accrocs du roc et exerçant désormais la profession de gouvernante, version gothique de Mary Poppins pour le plus grand malheur d'une flopée de croque-mitaines. Gagnant ici en profondeur, Suzanne s'avère, par sa façon froide et cartésienne d'envisager le monde, un atout majeur dans l'intrigue. A noter également un méchant particulièrement réussi -et redoutable- en la personne de M. Lheureduthé, permettant encore une fois de sourire des talents du traducteur.
Sans être, et de loin, le plus intéressant du cycle de la Mort ou le roman qui marquera les lecteurs des Annales par les thèmes abordés, le Père Porcher fera par sa lecture toutefois sourire à de multiples reprises et bénéficie d'une conclusion touchante et plus profonde qu'attendue par son dernier dialogue entre la Mort et sa petite-fille. Un roman agréable et distrayant, sans être inoubliable.
— K
