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Aspirine

(Ce Cycle est En Cours)

Auteur/Autrice : Joann Sfar
Aspirine

Aspirine, 1

Aspirine, étudiante en philosophie à la Sorbonne a la rage, elle ne supporte plus de revivre sans cesse les mêmes épisodes de sa vie pourrie.
Et ça fait 300 ans que ça dure car Aspirine est vampire, coincée dans son état d’adolescente de 17 ans. Elle partage un appartement avec sa sœur Josacine, heureuse et sublime jeune femme de 23 ans, qui elle au moins, a eu l’avantage de devenir vampire au bon âge. En perpétuelle crise d’adolescence, elle passe ses nerfs sur son prof, sa sœur et tous les hommes «relous » qui croisent sa route. Assoiffée de sang, elle n’hésite pas à les dévorer (au sens propre) ou les dépecer. C’est même devenu un rituel avec les amants que sa jolie grande soeur collectionne. Malgré tout, elle attise la curiosité d’Ydgor ado attardé, un étudiant de type « no-life » : vaguement gothique, légèrement bigleux et mal peigné… avec comme kiff dans la vie, le fantastique et la légende de Cthulhu… Il rêve de vivre un truc magique, d’un destin exceptionnel et a compris qu’Aspirine est une vampire.
Pour acquérir le privilège de pouvoir l’accompagner, il s’engage à garder le secret et à devenir son serviteur… son esclave. Parviendra-t-il à gagner sa confiance voire même son amitié ? Arrivera-t-il à la calmer de ses pulsions mortifères ? Au final, lequel sera le plus enragé des deux ?

Aspirine

Aspirine, 2

Quelques mois ont passé depuis la première aventure d’Aspirine et de ses complices.
Ils connaissent mieux leurs pouvoirs, ils apprennent à maîtriser leur rage. Aspirine se défoule notamment dans son journal intime.  Elle et Yidgor y vivent des aventures lugubres et dangereuses, l’une d’elles consiste à racheter des morts fraîchement pendus pour les réanimer et leur confier une mission des plus complexes… voler une larve de Dieu qui organise des séances de jouvence nauséabondes pour ses adorateurs.   
Alors que tous les candidats échouent, Dick, un gosse des rues, sorte de gavroche désespéré et couturé y parvient. Mais il ne se satisfera pas de son rôle de sous-fifre et fera tout pour récupérer son âme détenue par Yidgor. Ajoutez à ça un occultiste qui se la joue Belle au bois dormant et une momie ivre… Aspirine et ses amis ne veulent pas qu’on les traite de super-héros, ils considèrent qu’ils sont des méchants face à des personnes encore plus méchantes ! Comment tout cela ne finirait-il pas dans un bain de sang ?


Critique

Par Gillossen, le 26/06/2019

Aspirine, oui, n’est autre que l’un des derniers projets en date de Joann Sfar, qui coche pour l’occasion les cases BD et vampires. 
Mais cette fois, on découvre donc Aspirine, jeune fille de 17 ans depuis… un certain temps maintenant, qui poursuit son existence à Paris, en compagnie de sa sœur Josacine. Aspirine a tout de la jeune fille de 17 ans, dans ses rebellions comme dans ses colères ou ses envies. C’est surtout un sacré personnage, particulièrement bien entouré : de sa sœur qui agit avec plus de détachement sur son sort tout en multipliant les amants, en passant par Ydgor bien sûr ou même la figure du professeur de la Sorbonne, bien moins cliché qu’il n’y paraît finalement, Sfar sait comment créer des personnages attachants, quand bien même ne sont-ils pas tous recommandables et/ou particulièrement charismatiques - là, évidemment, on pense à “l’atypique” Ydgor. Sfar s’amuse des clichés avec lesquels il flirte lui-même, en particulier au niveau de la relation entre ces deux personnages, mais aussi à l’échelle du cadre de son histoire, bien ancrée dans notre monde moderne et ses mille travers.  
L’auteur possède également toujours son sens bien à lui de la formule et un humour décapant. Les amateurs du jeu de figurines Warhammer notamment seront contents, même si le coup de griffe n’est jamais méchant. Si l’intrigue semble démarrer en optant pour une série de vignettes, tout en s’interrogeant déjà sur le goût de l’immortalité, quel que soit son âge d’ailleurs, il se dessine finalement une histoire plus globale, qui lorgne avec gourmandise sur une dimension plus lovecraftienne (et pas seulement à cause des chiens de Tindalos !), tout en ne négligeant pas quelques clins d’œil aux univers de super-héros. 
Du côté des dessins, couleur comme mise en page, on serait tenté de dire simplement que Sfar fait du Sfar. Certes, c’est en effet le cas, mais avec un vrai souci du détail et une dynamique enlevée (sur plus de 100 pages tout de même) qui colle parfaitement à son propos, et en premier lieu à son héroïne qui ne sait pas rester en place. 
Heureusement d’ailleurs pour le lecteur ! Aspirine, le personnage tout comme l’album, reflète à merveille cette soif d’expériences et ce bouillonnement intérieur qui caractérise - souvent, du moins - la période de l’adolescence. Le conformisme aurait sans doute voulu qu’Aspirine “grandisse” en tirant certaines leçons des derniers événements à nous être contés ici. C’est, en partie, le cas. Mais ce n’est pas l’essentiel, même si savoir se créer sa propre famille s’avère bien entendu d’une importance considérable : car la jeune fille s’envole déjà vers de nouvelles aventures. 
La suite des aventures d’Aspirine délaisse son contexte initial ancré dans le réel - on passait tout de même énormément de temps dans le premier tome à voir notre monde et notre quotidien à travers les yeux des deux sœurs vampires - pour embrasser pleinement une dimension plus fantastique, mais aussi plus épique, mine de rien. Ce qui n’empêche pas bien entendu de retrouver le ton Sfar, dans ses dialogues ou même la mise en scène. C’est donc une suite qui ne se contente de pas de faire dans la redite, même si l’auteur nous a déjà proposé des récits non pas plus enlevés, mais sans doute plus profonds. 

7.5/10


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