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Armageddon Rag

Titre VO: The Armageddon Rag

ISBN : 978-220710988-5
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : George R. R. Martin

Le roman est disponible depuis le 5 mai 2014 en poche dans la collection Folio SF.

«Woodstock a été l’aube, Altamont le crépuscule, West Mesa la nuit cauchemardesque.» 

Célèbre pour avoir été l’impresario d’un des plus grands groupes de rock des années soixante, les Nazgûl, Jamie Lynch est retrouvé assassiné : on l’a ligoté à son bureau et on lui a arraché le cœur. Un meurtre qui en fait remonter un autre à la surface : celui du chanteur du groupe, abattu en plein concert, en 1971, à West Mesa. Deux meurtres non élucidés distants d’une dizaine d’années. 
Une énigme.
Parce que son quatrième roman s’obstine à ne pas dépasser la 37e page, parce qu’il a suivi l’affaire Charles Manson en tant que journaliste, parce qu’il est fasciné par l’histoire et la musique des Nazgûl, l’écrivain Sander Blair décide de mener sa propre enquête et d’en tirer un livre, son De sang-froid.  
Mais Sander va rapidement se rendre compte que, malgré les apparences, le meurtre de Jamie Lynch n’est pas une nouvelle affaire Sharon Tate. C’est bien plus compliqué. Et bien pire…

 

Critique

Par Gillossen, le 06/04/2012

Avec l’adaptation TV à succès du Trône de Fer, Game of Thrones, les éditeurs semblent bien décidés à dépoussiérer la bibliographie de George R.R. Martin, tout en tentant d’attirer un nouveau public (à l’image du bandeau qui orne ce roman) qui ne connaît ou ne goûte guère d’ordinaire les littératures de l’imaginaire.
Dans le cas de Martin, on peut dire que la démarche a du bon : nous sommes très loin d’avoir affaire à des fonds de tiroir, en particulier avec ce Armageddon Rag, déjà paru en français voilà un certain temps, mais proposé ici en grand format et dans une nouvelle traduction. On peut d’ailleurs saluer la démarche de Denoël, alors que l’auteur lui-même qualifie le roman de “total désastre commercial” qui manqua ruiner sa carrière ! 
Il faut dire que cet ouvrage n’a rien à voir avec Le Trône de Fer, qui n’est pourtant que l’arbre qui cache la forêt chez George R.R. Martin. Dans les pas de Sandy Blair au début des années 80, le lecteur se voit entraîné dans une sorte de road trip à travers l’Amérique de Reagan (du moins, dans la première partie du roman), le journaliste devenu écrivain retrouvant les amis et autres connaissances de sa jeunesse révolue au fil des kilomètres de bitume avalés, hésitant constamment entre nostalgie et colère devant les compromissions des uns et des autres. Sans oublier les siennes. Désabusé, Sandy a bien conscience d’avoir lui-même fermé les yeux sur beaucoup de choses au fil des ans, alors que le quotidien l’a finalement rattrapé.
Se piquant tout à coup de démêler un meurtre étrange, sans doute justement pour retrouver le parfum de liberté des années 60, Sandy va peu à peu se rendre compte que les choses sont bien plus complexes qu’il n’y paraît dans cette histoire. Quand réalité et fiction se rejoignent…  
Si Martin voit dans Armageddon Rag son roman le plus expérimental, il n’en demeure pas moins tout à fait abordable. Mais évidemment très ancré dans la (pop)culture et l’histoire américaine, avec les références qui vont avec. Mais rien de rédhibitoire, si l’on peut dire (il vous suffit par exemple d’avoir vu Mad Men pour repérer un clin d’oeil aux cigarettes Lucky Strike…).
Il en va de même avec les innombrables anecdotes concernant le rock et le pouvoir de fascination que cette musique (du diable ?) peut exercer. Les répétitions, les groupies, les concerts, les destins brisés… On sent Martin fasciné par le sujet, mais plus encore, passionné. Il en va ainsi de la création de ses Nazgûl, groupe imaginaire dont la réformation, et ses conséquences, occupe la seconde moitié du roman. Avec son imagerie inspirée de Tolkien, ses paroles à l’avenant, son chanteur charismatique disparu, Martin se joue là aussi des clichés (même si c’est l’occasion de se rendre compte une fois de plus que le français ne convient décidément pas au rock, quand on songe à la traduction des paroles des chansons des Nazgûl, même si la traduction elle-même est loin d’être en cause). 
Et la fantasy dans tout cela ? Encore une fois, il ne faut pas s’attendre à un défilé de licornes ou à une pluie d’éclairs pourpres. Le deuxième tiers du roman flirterait plus volontiers avec le Dead Zone de Stephen King, Sandy Blair se retrouvant comme lancé dans une course contre la montre pour empêcher la réalisation de visions glaçantes. 
Toutefois, à l’image de son final fiévreux, à mesure que s’enchaînent les concerts et que monte la rage, le doute n’est bientôt plus permis (même si l’on peut toujours s’imaginer que…). Il se pourrait bien que le pouvoir des mots soit plus puissant encore que celui de la musique et il va falloir choisir son camp, dans un conflit dont la symbolique va précisément bien au-delà d’un décorum de pacotille.
A la fois thriller haletant saupoudré de surnaturel (allez, disons-le, de magie !) et réflexion sombre sur une certaine époque, Armageddon Rag s’avère avant toute chose un très bon roman, passionnant et à dévorer en poussant le volume des basses au maximum.  

8.0/10

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