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Alif l'invisible

Titre VO: Alif the Unseen

ISBN : 978-228302588-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Wilson G. Willow (Proposer une Biographie)

Alif est un jeune hacker vivant dans un pays du Golfe persique où s’exerce la censure d’État. Cachés derrière leurs écrans, Alif et ses acolytes rêvent d’une révolution et s’adonnent à quelques menues tâches subversives, moyennant finances. Une routine qui se voit brusquement perturbée lorsque notre jeune génie de l’ordinateur tombe amoureux d’une princesse rencontrée sur le net qui lui confie une mission : protéger un manuscrit ancien, rare, oublié, et qui recèle un savoir occulte, la promesse d’une toute-puissance.
À peine ressurgi, le livre va en effet déchaîner une avidité sans pareille et brusquement confronter Alif le geek avec le monde réel.
Devenu malgré lui une sorte d’apprenti sorcier sur ordinateur, Alif se lance dans une folle épopée, entraînant avec lui son amie de toujours, Dina. Ils y croiseront les djinns et les démons d’un monde étrange, un honorable vieux sage caché dans une mosquée, et gagneront l’appui de surprenants alliés.

Critique

Par Gillossen, le 03/06/2013

C’est peu dire qu’Alif l’invisible résonne dans l’actualité de ces derniers jours avec les manifestations en Turquie, mais de façon plus générale avec tout ce qui concerne les soulèvements populaires communément réunis sous la bannière du printemps arabe.
On pourrait dès lors imaginer un roman aux allures de reportage au cœur d’une réalité souvent sordide ou de pensum moralisateur, et ainsi de suite. Il n’en est rien. Le parcours universitaire et journalistique se fait fréquemment sentir derrière la plume de l’auteur, mais sans jamais se vouloir pesant, ce qui ne signifie pas qu’elle ignore ou occulte la réalité qu’elle cherche au contraire à dépeindre, quand bien même le pays des aventures d’Alif demeure-t-il fictif.
C’est aussi ce qui vaut au roman d’être présenté par son éditeur comme moitié roman politique et moitié fable, ce qu’il est bel et bien au bout du compte. Nous ne sommes pas aux frontières du genre ni dans les eaux du fameux réalisme magique.
Alif l’invisible
s’avère bel et bien un roman de fantasy, qui joue d’ailleurs très astucieusement de ses codes et de ses références pour mieux trouver au passage une nouvelle façon de lier magie et technologie. Tellement limpide dans son raisonnement qu’on se demande même pourquoi personne n’y avait songé plus tôt. Pour autant, le cœur de l’histoire n’est pas là, même si on peut saluer la façon dont l’auteur a su relier les mystères des Mille et Une Nuits (ou jours…) et les questions d’adresses IP ou de pare-feux.
L’histoire elle-même est menée tambour battant et dispose de seconds rôles savoureux et de belles idées de mise en scène, et surtout ne s’essouffle jamais. L’auteur n’a pas voulu étirer son récit outre mesure et c’est tant mieux.
Mais surtout, même dans les moments les plus sombres, G. Willow Wilson, ou plutôt ses héros, n’hésitent jamais à faire preuve d’humour. Et il en faut parfois pour tenter d’oublier la cruelle réalité à laquelle on se retrouve confronté, quand il ne s’agit pas bien sûr de la défier. L’humour est une arme en soi et Alif et les autres en auront bien besoin. L’auteur évite également tout manichéisme. Alif lui-même n’est pas un hacker sans peur et sans reproche : il le dit sans fard, le jeune homme est un mercenaire, ce qui ne nous empêche évidemment pas de nous attacher rapidement à ses pas. Les trois personnages féminins, très importants, ont chacun choisi une voie bien différente que G. Willow Wilson ne juge jamais à travers le regard d’Alif (quand celui-ci est parfois rattrapé par ses préjugés, il ne tarde pas à ouvrir les yeux), et, là encore, les nuances sont de mise.
Alors, certes, tout n’est pas parfait dans ce premier roman : l’évolution de la relation entre Alif et Dina se devine aisément, même si elle n’en est pas moins touchante et tout en retenue, et certains rebondissements sont tout de même quelque peu tirés par les cheveux. La plume de Wilson, efficace, alterne de jolies figures de style et des passages plus communs, sans patte spécifique, malgré des aspects toujours dépaysants du fait de la langue arabe. Mais tout cela reste largement du domaine du détail, sans réel impact sur notre plaisir de lecture.
À la fois jubilatoire et empreint de pistes de réflexion profonde au sujet d’une situation qui enflamme souvent des débats menés sans recul, Alif l’invisible ne prend jamais son lecteur de haut et le genre fantasy fait partie intégrante des mécanismes subtils de son intrigue.
Dès lors, comment ne pas saluer un mariage d’influences aussi réussi ?

8.5/10

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