La critique d'Esdeo

D’aucuns pourraient se poser la question, à la vue du nombre de pages de l’œuvre, de savoir si le Prince Caspian de C.S Lewis propose assez de matériel pour une adaptation sur grand écran. Après avoir vu le travail d’Andrew Adamson et de Disney, la réponse est définitivement oui. Mais cette affirmation ne sous-entend pas pour autant que l’adaptation est rigoureusement fidèle, que toutes les idées de l’auteur ont été reprises ou que le film est sans défaut.
Toutefois, dans un premier temps, force est de constater que ce long métrage se révèle très efficace, la photographie est magnifique, le rythme est soutenu et ne souffre d’aucune inégalité à même de provoquer une épidémie de bâillements dans la salle. Les scènes s’enchaînent très correctement, malgré les intrigues parallèles. On ne s’ennuie pas et c’est déjà bien.
Pourtant cet intérêt du public variera suivant les spectateurs. En effet, cette adaptation fait la part belle au spectaculaire, enchaînant les morceaux de bravoure et semblant vouloir attaquer le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson sur ses plates-bandes épiques ; d’ailleurs, certaines scènes ou plans font furieusement penser au travail du réalisateur néo-zélandais. Les effets spéciaux participent à cette vigueur générale, se révélant très aboutis et parfois véritablement impressionnants. Toutefois, certains lecteurs de l’œuvre de C.S. Lewis trouveront que cette propension au tout spectaculaire, avec de longs rajouts de scènes « inédites » (et presque inutiles …), dessert quelque peu cette adaptation. Et nous faisons partie de cette population. En effet, de beaux moments de poésie sont absents, notamment certains impliquant Lucy ou Aslan, voire même Caspian. Et c’est vraiment dommage, car c’est un pan de l’œuvre qui manque un peu. Mais attention, le Prince Caspian n’est pas Transformers et il y a par ailleurs un effort réel et presque attentionné pour faire transparaître les émotions des personnages, notamment celles des Pevensie à la découverte de Narnia.
Les acteurs sont de plus dans l’ensemble convaincants. La performance des quatre Pevensie est satisfaisante, Lucy sortant encore une fois du lot, Edmund étant desservi par la minceur de son rôle, au même titre que Susan, alors que Peter n’est pas joué de façon si catastrophique que cela (ce que laissaient supposer les premières critiques). Son rôle ne manque pas d’épaisseur, mais il subsiste un arrière-goût fade, même dans les relations avec Caspian. Ben Barnes fait bien son boulot, sans être transcendant, ni décevant. Le Roi Miraz est lui interprété de fort belle façon et on sait qu’un méchant réussi, c’est souvent un film réussi. Une mention spéciale aux Nains, et plus spécialement à Peter Dinklage (Trompillon) qui sort véritablement du lot. Dommage que la prestation de Warwick Davis (Nikabrik) soit un peu étouffée par le maquillage … Quant aux animaux, Ripitchip se démarque bien sûr par le nombre de scènes lui étant consacrées et par leur réussite générale. Aslan fait lui parent pauvre et c’est l’une des déceptions, alors que les Centaures en imposent.
Au final, ce second volet est une réussite à n’en pas douter, malgré cette tendance un peu lourde à vouloir en mettre plein les yeux. Mais comment ne pas finir par la fausse note finale ? Comment peut-on conclure une BO au demeurant réussie par « ça » ? Enfin … Vous verrez vous-mêmes … Car nous vous encourageons tout de même à aller le voir, vous passerez un agréable moment de cinéma, souvent épique, parfois sombre et parfois très drôle.

Pages de l'article

1. La critique d'Alana Chantelune
2. La critique de Virginie
3. La critique d'Esdeo