La quête

La quête d’Harry évolue. En plus des Horcruxes, il lui faut trouver le moyen de les détruire. Où trouver l’épée de Godric Gryffondor si ce n’est dans son lieu de naissance homonyme : Godric’s Hollow ? Hermione l’avertit que tout lieu revêtant une signification pour lui est synonyme de danger car Voldemort s’attend sans doute à ce qu’il s’y rende.

« Godric’s Hollow est le lieu de naissance d’Harry, mais aussi l’endroit où ses parents ont été assassinés. Il a appris récemment que Dumbledore aussi y avait vécu. Plusieurs raisons l’incitent à penser qu’il doit y aller : d’un point de vue stratégique, il pense que quelque chose là-bas pourrait les aider dans leur mission et sur le plan émotionnel il a besoin d’y retourner », remarque D. Yates. Le décor du village a été créé en style Tudor et monté dans les studios Pinewood. « Ce mariage de bois, de brique et de plâtre ne ressemblait pas à ce que nous avions déjà essayé. J’étais enthousiaste à l’idée d’en faire le style du Godric’s Hollow. Pinewood possède un jardin somptueux, qui faisait partie de la propriété avant qu’elle ne soit transformée en studio de cinéma, avec notamment un vieux cèdre majestueux. Nous avons choisi de construire le village autour de cet arbre », raconte S. Craig.

Sous les branches de l’arbre, Hermione et Harry voient le cimetière où les parents de ce dernier sont enterrés. Se recueillant sur leurs tombes pour la première fois, il est submergé par l’émotion. « Il est envahi par un sentiment ambigu. Ces tombes ont pour lui une double signification. D’un côté elles sont la trace la plus tangible de ses parents qu’il ait jamais vue et de l’autre elles lui rappellent la réalité de leur mort », explique D. Yates.

Pendant ce temps, Hermione est attirée par une pierre tombale portant un étrange symbole : un cercle inscrit dans un triangle et traversé par une ligne verticale. Avant de pouvoir le montrer à Harry, elle sent qu’ils sont observés. De manière assez surprenante, émerge de l’obscurité la frêle silhouette d’une vieille dame qui leur fait signe de la suivre. Harry devine rapidement qu’il s’agit de Bathilda Tourdesac (Hazel Douglas), l’auteur d’Histoire de la magie. Il la suit, convaincu qu’elle pourrait être une source inestimable non seulement pour trouver l’épée mais aussi pour les informer des secrets de famille de l’homme qu’il pensait si bien connaître, le professeur Dumbledore.

La maison de Bathilda est aussi vieille et délabrée que sa propriétaire. Mais ce désordre cache pire. Les craintes d’Hermione semblent plus horriblement fondées que dans le pire cauchemar d’Harry. Ils sont contraints de battre en retraite sans obtenir de réponse à leurs questions.

Le trio transplane jusqu’à Shaftsbury Avenue, sur la très animée place londonienne de Piccadilly Circus, au coeur du West End, le quartier des théâtres. La scène a été filmée sur place ce qui d’après E. Watson était « surréaliste. C’était incroyable de voir la circulation immobilisée sur une des rues les plus fréquentées de l’une des plus grandes villes du monde ». Malgré un tournage réalisé avant l’aube, des centaines de fans sont venus entrevoir les acteurs. « Les fans étaient géniaux. Ils ne nous ont jamais dérangés et étaient vraiment dans l’esprit du film. Ce n’est pas évident de tourner à un endroit aussi fréquenté, mais c’était super », estime D. Heyman.

« C’était assez émouvant de voir tous ces gens debout si longtemps au milieu de la nuit. C’était vraiment merveilleux », confirme D. Yates. Clin d’oeil au rôle de D. Radcliffe au théâtre, les spectateurs avisés remarqueront peut-être une affiche de la pièce Equus sur un mur du café où les trois compagnons s’arrêtent brièvement pour se retrouver. Le répit sera de courte durée, ils sont très vite pris en embuscade. Pourchassés dans le monde des sorciers et des Moldus, ils se dirigent vers le seul refuge qui vienne à l’esprit d’Harry, le 12, square Grimmaurd, demeure ancestrale de la famille Black et ex-quartier général de l’Ordre du phénix. La maison du square Grimmaurd construite pour le cinquième film était démontée depuis longtemps. Nous avons dû la recréer, en donnant encore plus l’impression d’une maison vieille et abandonnée qui sent le renfermé. « Nous voulions lui conserver son aspect haut et étroit tout en y ajoutant de l’espace, le salon par exemple. Toutes les pièces ont été fouillées et sont recouvertes de poussière parce qu’il n’y pas de Mme Weasley pour faire le ménage », explique la chef décorateur Stephanie Mcmillan.

Sous les toiles d’araignée et la poussière, des souvenirs. Ceux d’amis et de membres de la famille comme le parrain d’Harry Sirius Black et son frère Regulus Acturus Black. R. A. B. À peine les trois amis ont-ils découvert ce lien vital qu’ils constatent qu’ils ne sont pas seuls. L’elfe de maison Kreattur les épie dans la pénombre. Il est forcé de divulguer la cachette du véritable médaillon de Serpentard, un des Horcruxes qu’ils recherchent. Kreattur provoque également une réunion avec un vieil ami, Dobby l’elfe qui doit sa liberté à Harry Potter. Les elfes prennent vie à l’écran grâce aux effets spéciaux et aux performances humaines de Toby Jones – Dobby – et Simon Mcburney – Kreattur. « Dobby et Kreattur sont des personnages clairement distincts. C’était plus facile à réaliser en tournant avec des acteurs. Nous avons filmé Toby et Simon pendant qu’ils interprétaient puis nous nous sommes appuyés sur les expressions de leur visage pour communiquer leurs émotions et leur personnalité aux petits personnages animés par infographie », explique le directeur des effets spéciaux Tim Burke.

« C’est formidable de travailler avec David (Yates) et Tim. Ils m’ont donné tous les instruments pour enrichir le personnage et ne pas me contenter du dialogue. Le côté vulnérable et humble de Dobby a toujours plu au public. Il cadre aussi dans la hiérarchie établie par les romans de J.k. Rowling. De par sa taille et son pouvoir, Dobby se situe très bas dans l’échelle sociale, alors que c’est l’inverse du point de vue du courage, de la loyauté et de la bonté », confie Toby Jones.

Grâce à Dobby et Kreattur, Harry, Hermione et Ron apprennent que le véritable médaillon se trouve en possession d’une certaine Dolores Ombrage, qui préside la Commission d’enregistrement des nés-Moldus au ministère. Imelda Staunton avoue qu’elle était ravie de se rhabiller en rose pour ce rôle qu’elle juge « délicieux » : « Dolores veut tirer parti au maximum du peu de pouvoir qu’elle pense détenir pour débarrasser le monde des sorciers de ceux qui, selon elle, n’en sont pas vraiment et le polluent. Elle se pense pure, juste et dans son bon droit. Elle est intolérante et bornée au possible. Elle n’a ni sympathie, ni âme, ni coeur ». Dolores Ombrage ne voit la vie qu’en rose. La costumière Jany Temime a ainsi vêtu en rose I. Staunton de pied en cap. Stuart Craig qualifie le bureau de Dolores de nouvel « exercice en rose ». Le ministère conserve ses couloirs carrelés de noir brillant, imaginés par S. Craig d’après une ancienne station du métro londonien. On constate un seul changement de taille : au centre de l’imposant hall trône désormais une imposante sculpture représentant la suprématie des sorciers sur des Moldus apeurés et écrasés par les premiers. Y sont gravés les mots « La magie est puissance ».

Cependant, les changements invisibles sont les plus insidieux. Il règne au ministère de la Magie une atmosphère oppressive. Les bons sorciers évitent de se faire remarquer. Des gardes en uniforme et des mercenaires, les Rafleurs, sont sans cesse à la recherche des sorciers jugés « indésirables ». Toutefois, pour récupérer l’Horcruxe, Harry et ses deux amis devront prendre le risque de se rendre au ministère. Ce sera particulièrement difficile pour Harry dont la photo a été placardée partout car il est recherché comme « Indésirable n°1 ». Grâce au Polynectar, le trio usurpe l’identité inoffensive des sorciers Albert Runcorn, Reg Cattermole et Mafalda Hopkirk et pénètrent en territoire ennemi. Quand ils trouvent le médaillon, autour du cou de Dolores Ombrage, leurs déguisements commencent à s’évaporer. Sans perdre une minute, ils passent tous les trois à l’attaque, arrachent l’Horcruxe et prennent la fuite.

Enfin, Harry entre en possession du troisième Horcruxe, mais sa présence entraîne des conséquences inattendues pour les trois meilleurs amis qui avaient toujours été unis par des liens à toute épreuve… jusqu’à ce jour.

En effet, par définition un Horcruxe est un fragment de l’âme diabolique de Voldemort. L’objet prend pour victime toute personne qui s’en approche et intensifie ses émotions négatives. « Celui qui le porte devient colérique, paranoïaque et en gros horrible », révèle D. Radcliffe. De plus, lorsque les jeunes sorciers essaient de le détruire, l’Horcruxe se révèle imperméable à leurs sorts. « Ils découvrent que l’épée de Gryffondor peut le détruire, mais bien sûr, ils ne l’ont pas », ajoute l’acteur. Ron semble particulièrement sensible aux pouvoirs du médaillon.

« Ce sont des moments très tendus parce qu’ils sont seuls, que Ron s’inquiète pour sa famille et est énervé de voir qu’ils progressent peu. En plus, le médaillon amplifie tous ses sentiments. C’est pour cette raison qu’il en vient à penser qu’il pourrait y avoir quelque chose entre Harry et Hermione. Une énorme dispute éclate entre les garçons, ils explosent tous les deux de rage », raconte R. Grint.

« Ils n’ont jamais été aussi seuls que dans la première partie des Reliques de la mort. Auparavant, ils étaient toujours protégés d’une manière ou d’une autre, par quelqu’un, par un lieu, aussi mince que cette protection puisse être. Séparés de tous et en danger de mort permanent, le trio est plus facilement désuni, particulièrement lorsqu’ils sont sous l’influence maléfique de l’Horcruxe », confirme David Barron.

Bien qu’ils soient totalement isolés dans une clairière, ils disposent d’un abri grâce à l’ingéniosité d’Hermione. Avant de quitter le Terrier, elle avait utilisé un charme d’extension destiné à transformer son petit sac garni de perles en puits sans fond contenant tout et n’importe quoi : des vêtements propres, des livres, une radio et même une tente de camping. « Toutes les femmes rêvent de posséder un sac comme celui d’Hermione. On peut y mettre absolument tout ce qu’on veut et quoiqu’on y range il reste léger comme une plume.

C’est vraiment une fille très intelligente, elle a toujours une longueur d’avance », dit E. Watson en riant. Néanmoins, Hermione n’est pas du tout préparée à la querelle qui éclate entre Ron et Harry. Quand Ron y met fin en les quittant, elle a le coeur brisé. « Elle est dévastée et se sent abandonnée. Elle vit la jalousie et les accusations de Ron comme une trahison », assure l’actrice. Délaissés, Harry et Hermione partagent un moment qui selon D. Yates « condense leur relation ». « Steve (Kloves) et moi-même voulions une scène sans paroles qui montrait combien ils étaient proches.

Hermione est bouleversée par le départ de Ron. Il y a de la musique à la radio. Harry essaie de la consoler en agissant comme un jeune homme ordinaire le ferait, en dansant. C’est le genre de choses qu’on fait pour un ami. Dan et Emma ont su rendre cette scène très tendre, très émouvante », ajoute-t-il.

Les premières scènes dans la forêt ont été filmées en extérieur à Burnham Beeches, dans le Buckinghamshire. Quand il a conçu leur tente, Stuart Craig a pensé que de l’extérieur, ce devait être une tente de camping triangulaire simple pour deux personnes. Par magie, l’intérieur n’est pas si humble. Elle contient plusieurs pièces qui sont toutes meublées. « Je dois saluer le travail d’Eduardo Serra qui a parfaitement photographié la tente. L’éclairage était sublime et variait subtilement pour passer du jour à la nuit et changer de saison. C’est incroyable toute la richesse et les effets qu’on peut obtenir à partir de quelques toiles de tente » constate le directeur artistique.

Pages de l'article

1. Synopsis
2. Le début de la fin
3. Les reliques de la mort
4. La quête
5. Réunions de famille
6. La chronique d'Alana Chantelune - Attention, spoilers !