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Plagiat ou pas ?

Par Publivore, le samedi 26 avril 2008 à 18:14:01

Vous avez suivi dans nos colonnes tout au long du mois les évolutions du procès intenté par J.K. Rowling à RDR Books, maison d'édition qui souhaitait publier un Lexicon sur le monde d'Harry Potter. Si un accord est aujourd'hui trouvé sur la partie "publicité mensongère" de l'affaire, la partie "plagiat" reste en jugement.

Et c'est l'occasion pour certains auteurs de se prononcer sur les zones d'ombres légales subsistantes ! Deux d'entre eux nous intéressent particulièrement, à savoir Neil Gaiman et Orson Scott Card.

En ce qui concerne le premier, il réagissait sur son blog suite à des questions de lecteurs sur ce procès :

Ma principale réaction, après avoir lu tout ce que je pouvais sur le sujet, étant donné le flou qui semble exister sur la notion de copyright, est "Et bien, s'il s'agissait de moi, je serais flatté", mais ce n'est manifestement pas ce que ressent J.K. Rowling. Je ne m'imagine pas essayant de mettre fin à aucune des publications non autorisées me concernant ou concernant ce que j'ai créé durant toutes ces années. J'ai même donné un coup de main à certaines, et même quand je ne les aimais pas, j'ai haussé les épaules et laissé passer.
Etant donné le flou artistique régnant dans la loi sur le copyright, je peux comprendre que le juge ne souhaite pas se prononcer, et je pense que quoi qu'il décide, le cas sera porté devant la Cour d'Appel.

Mon coeur est du côté des auteurs publiant des livres non autorisés, probablement parce que les deux premiers livres que j'ai fait entraient dans cette catégorie. L'un d'entre eux, Ghastly Beyond Belief, était incroyablement vulnérable à toute poursuite que quelqu'un aurait voulu mener contre Kim Newman et moi, car nous dépassions largement les limites de la "Juste Utilisation" dans ce livre de citations dont les auteurs auraient pu ne pas vouloir apparaître dans cet ouvrage. (Cette notion, selon mes éditeurs anglais, a depuis disparu du copyright britannique ...

La plupart des commentaires sur Internet semblent très partagés selon les personnalités et les opinions. Comme avec la plupart des flous légaux, ce n'est pas clair et net, et même quand la décision de la Cour d'Appel aura été rendu, ce ne le sera pas, parce que la notion de "Juste Utilisation" est l'une de ces choses, comme la pornographie, qu e nous sommes censés reconnaître.

Quelques jours après, il revient sur le sujet suite à un courrier électronique d'un lecteur, en précisant tout d'abord qu'il ne s'agit pas d'une réutilisation des personnages d'une oeuvre. Puis :

Dans le cas qui oppose Time-Warner-Rowling à Vander Ark, il n'est pas question de "fait-il de l'argent avec ses idées à elle?" ou "cela stoperra-t-il les sites de fans?" ou ou de toute autre interrogation qu'on voit fleurir en ligne. Cela ne compte pas d'un point de vue légal que Mme Rowling réalisait ou prévoyait de réaliser sa propre encyclopédie, ou que l'argent aille à des oeuvres de charité, ou rien de ce genre, bien que je sois certain que Mme Rowling le ressente ainsi (parce qu'à sa place, ce serait mon cas).

Tout ce que je vois, c'est que cela tourne autour de flous dans la loi sur le droit d'auteur, et je suspecte, et je ne suis absolument pas un avocat, que cela se jouera sur le fait de savoir ou non si M. Vander Ask a assez modifié l'oeuvre de Mme Rowling dans son "lexicon" pour qu'il soit considéré comme un ouvrage en lui-même.

Il existe un guide online d'annotations de Sandman. Si les gens qui l'ont réalisé - ou quelqu'un d'autre - décidaient de le publier, je ne pourrais pas les arrêter pour les empêcher de le faire paraître, même si Les Klinger me persuadait enfin d'obtenir de DC Comics l'autorisation de réaliser un Guide Officiel. Tout ça parce qu'il s'agit évidemment d'un travail de transformation -- fondé sur mon œuvre, mais s'en dissociant.

Si quelqu'un réalisait un site web dans lequel tout ce qui apparaît dans Sandman était listé par ordre alphabétique, comme une concordance ou un lexique... que j'en prévois un ou non ne rentrerait pas en ligne de compte. Que quelqu'un gagne de l'argent grâce à mon œuvre, mes mots ou mes idées ne compte pas. Que ce soit un bon lexique ou non ne compte pas. Qu'il me cite abondamment pourrait ou non rentrer en ligne de compte (l'abondance de citations est l'un des cas de "Juste Utilisation", mais paraphrasez moi et vous êtes pile dedans). Ce qui importe est de savoir si cela transforme suffisamment ce que j'ai fait en autre chose de créer des entrées et de les mettre par ordre alphabétique.

De son côté, Orson Scott Card réagit en indiquant que l'hypocrisie est si patente qu'il a du mal à respirer. il précise que une fois qu'on a publié de la fiction, Mme Rowling, quiconque est libre d'écrire dessus, de le commenter, et de le citer librement, aussi longtemps que la source est nommée. Il s'aventure ensuite sur la conclusion du procès :

1. La publication du "lexicon" aura lieu sans préjudice, parce qu'il tombe dans le domaine de la loi sur les droits d'auteurs par rapport au travaux scolaires, critiques et de commentaires.

2. Rowling devra payer à Steven Vander Ark des amendes, car sa poursuite n'est pas fondée depuis le début.

3. Les gens qui ont entendu parler de ce procès auront un goût amer dans la bouche concernant Rowling à partir de maintenant. Son histoire à la Cendrillon nous à naguère charmés. Son comportement de sorcière avare nous doûte aujourd'hui. Et son prochain livre sera perçu comme le travail d'une sorcière."

Voilà qui est tranché ! Rappelons tout de même que M. Card est un mormon pratiquant, ce qui peut éclairer sa si vive réaction.

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