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Le Conte de la Princesse Kaguya en salles

Par Gillossen, le mercredi 25 juin 2014 à 12:45:00

Notes de production

La princesse Kaguya et Heidi

Heidi, fille des Alpes, série diffusée à la télévision japonaise en 1974, fut réalisée par Isao Takahata. Hayao Miyazaki se chargea de la conception scénique et du layout. En fait, il y a plusieurs points communs entre Heidi et la princesse Kaguya. Toutes deux grandissent en pleine liberté, entourées de nature, dans la montagne. Cependant, par la volonté de membres de leur famille, elles doivent quitter la montagne pour s’installer en ville. En habitant dans une grande ville, elles ont de plus en plus envie de retourner vivre à la montagne, dans la nature. Dans Heidi, la vie quotidienne et les sentiments de la petite fille sont décrits minutieusement, alors qu’ils ne le sont pas suffisamment dans l’œuvre originale. Ainsi nous apparaissent le charme de la petite Heidi et la beauté des Alpes. Cette série fascina les spectateurs, non seulement au Japon mais dans le monde entier. Le Conte de la princesse Kaguya est une adaptation du « Conte du Coupeur de bambous » dont l’histoire est connue de tous les japonais mais il est difficile de s’identifier à la princesse car on ignore ce qu’elle ressent et ce qu’elle pense. Le film lui, au contraire, décrit soigneusement ses sentiments et sa vie à la montagne. La présence lumineuse de la princesse Kaguya et son charme impressionnent fortement les spectateurs. Après la série Heidi, fille des Alpes, Isao Takahata et Hayao Miyazaki avaient envie de réaliser un autre film Heidi qui se déroulerait au Japon. Leur souhait se réalise enfin, quarante ans après.

Préenregistrement et feu Takeo Chii

La plupart du temps, pour les films d’animation japonais, on utilise le procédé de post-synchronisation qui consiste à réaliser d’abord les images et à enregistrer ensuite les voix, en suivant les mouvements des personnages. Mais dans les autres pays, le procédé le plus courant est le préenregistrement qui consiste à enregistrer les voix en premier pour ensuite dessiner selon ces voix. Le réalisateur Isao Takahata, à la recherche d’interprétations exprimant les sentiments de façon réaliste, choisit le procédé de préenregistrement pour la plupart de ses films. C’est le cas de celui-ci aussi, pour lequel Isao Takahata eut recours au talent d’acteurs professionnels. L’enregistrement eut lieu durant l’été 2011 avant l’achèvement des dessins. C’est pourquoi Takeo Chii put interpréter la voix du vieil homme avant de décéder en juin 2012. Au moment de l’enregistrement, après la lecture du scénario, Takeo Chii posa une question à Isao Takahata : « M.Takahata, le film donne-t-il une vision négative de la Terre ? » Isao Takahata lui répondit immédiatement : « Au contraire, il en donne une vision positive. » Ensuite, peut-être rassuré par cette réponse, cet acteur de presque 70 ans, dont c’était le premier doublage, interpréta joyeusement son personnage.

La voix d’Aki Asakura donne naissance à la princesse Kaguya

« L’image de la princesse reste floue. » Au printemps 2011, l’équipe avait du mal à cerner le personnage de la princesse Kaguya. Malgré cela, des auditions eurent lieu pour lui choisir une voix mais ils ne parvenaient pas à en trouver une correspondant à son caractère spontané et volontaire. Alors que le sentiment de résignation commençait à se faire sentir, vint le tour d’Aki Asakura. Lorsqu’ils entendirent sa voix, Isao Takahata et le producteur Yoshiaki Nishimura furent du même avis : « Elle peut tenir ce rôle. » Croyant qu’elle avait échoué, Aki Asakura prit le chemin de la gare en pleurant. C’est justement pour sa voix lors de l’interprétation de scènes tristes qu’Isao Takahata l’avait choisie. Depuis cette audition, où elle fut choisie parmi plusieurs centaines de candidates, jusqu’à l’achèvement du film, pendant deux ans, les animateurs dessinèrent la princesse Kaguya en écoutant sa voix tous les jours, ce qui contribua à définir le personnage de la princesse. Ce n’est peut- être pas un hasard si Kaguya ressemble physiquement à Aki Asakura.

Joe Hisaishi et Kazumi Nikaido

Joe Hisaishi composa la musique du film. Mondialement connu, il l’est un des plus grands compositeurs de musique de film du Japon et le compositeur attitré de Hayao Miyazaki. Le film qui le propulsa sous les feux de la rampe fut Nausicäa De La Vallée Du Vent produit par Isao Takahata. Depuis longtemps, Joe Hisaishi désirait ardemment travailler sur un film d’Isao Takahata. Il composa la musique du film Le Vent Se Lève sorti durant l’été 2013. À cause du retard pris dans la production du Conte de la princesse Kaguya, la sortie simultanée de ces deux films ne put avoir lieu et grâce à cela, Joe Hisaishi put travailler également sur le film d’Isao Takahata. Ce dernier, qui souhaitait aussi vivement travailler avec Joe Hisaishi, put enfin collaborer avec celui dont il avait découvert le talent trente ans auparavant. Les paroles des deux chansons du film, « La Chanson des enfants » et « La Chanson de la nymphe céleste », furent écrites par Isao Takahata et la coscénariste, Riko Sakaguchi. Isao Takahata en composa les musiques. Il créa une bande de démonstration avec le synthétiseur vocal « Miku Hatsune » afin d’expliquer ce qu’il voulait à Joe Hisaishi. Le thème principal fut confié à Kazumi Nikaido, artiste vivant à Hiroshima, qui possède l’originalité d’être également nonne bouddhiste. Après avoir écouté son album « Nijimi » (Suintements), Isao Takahata fut tellement enthousiaste qu’il acheta tous ses CD et lui demanda de se charger du thème principal du film, des paroles, de la musique et de l’interprétation. Elle termina sa chanson après deux réunions avec le réalisateur. En avril 2013, elle enregistra « La Mémoire de la vie » alors qu’elle était enceinte. Pendant la production du film eut lieu le grand tremblement de terre à l’Est du Japon. Isao Takahata continua la production de son film tout en se demandant si, après cette catastrophe du 11 mars, il pouvait encore assumer la responsabilité de réaliser des films. Mais lorsqu’il écouta « La Mémoire de la vie », ses doutes se dissipèrent. Il eut la certitude que Le Conte de la princesse Kaguya serait un film sur la solidarité entre les êtres humains et la Terre, digne d’être produit après ce drame.

Le film d’animation dont rêvent tous les animateurs - Un autre Studio Ghibli

Dans le procédé habituel du film d’animation, chacun dessine à sa manière le décor et les cellulos. C’est ainsi que l’on est obligé de procéder dans ce cas. Mais Isao Takahata tenta d’unifier le décor et les personnages pour donner une impression d’unité dans les images, ce dont rêvent tous les animateurs. Mais ce procédé était impossible à réaliser en restant au Studio Ghibli. Le producteur Yoshiaki Nishimura et Isao Takahata quittèrent le Studio Ghibli pour en créer un autre, le Studio n°7, afin de dépasser les limites de l’expression du film d’animation. À l’initiative de l’animateur de génie Osamu Tanabe, les personnages furent dessinés avec des lignes semblables à celles du croquis, son but étant de rappeler le réel au-delà des lignes. Ils parvinrent à donner aux personnages plus de vitalité que dans les films d’animation habituels et cette méthode contribua largement à humaniser le personnage de la princesse Kaguya. « Artisan dessinateur de Ghibli », Kazuo Oga se chargea de la direction artistique du film. Il n’avait pas assuré cette fonction depuis seize ans, à l’époque du film Princesse Mononoké. Le décor chaleureux aux tons clairs dessiné par l’équipe réunie autour de lui se maria parfaitement avec les personnages dessinés par Osamu Tanabe, donnant ainsi une unité aux images. Pour Takahata, il s’agit « d’un film avec des insectes et de l’herbe ». À travers les dessins de fleurs et d’arbres, nous pouvons nous rendre compte de la vraie valeur du meilleur directeur artistique du Japon, Kazuo Oga. Aux côtés de ces deux génies, d’autres talents furent réunis pour mener à bien le projet et Takahata dit que sans eux, ce film n’aurait pas été terminé. À première vue, les dessins paraissent assez simples mais ils furent créés avec une admirable technique et énormément de travail. Ils nous donnent une véritable impression de réalité. Cette nouvelle forme d’expression, créée par Isao Takahata à 78 ans, fera date dans l’histoire de l’animation.

La vie sur Terre mérite d’être vécue

Le film de Hayao Miyazaki Le Vent Se Lève, sorti en salle durant l’été 2013, est le huitième film japonais dont la recette dépasse dix milliards de yens. En 1988, Le Tombeau Des Lucioles et Mon Voisin Totoro étaient sortis le même jour et avaient été projetés conjointement. L’année 2013 fut encore celle du Studio Ghibli avec deux sorties car Le Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata sortit en automne. À travers l’histoire d’un jeune garçon qui aspire à voler dans le ciel, le film Le vent se lève voulait transmettre l’importance de donner le meilleur de soi-même à chaque instant. Parallèlement, à travers l’histoire d’une jeune fille qui aspire à la vie sur Terre, le film Le Conte de la princesse Kaguya veut transmettre l’importance de vivre sa vie de toutes ses forces malgré les souffrances et les difficultés. « La vie sur Terre mérite d’être vécue. » Les deux réalisateurs voulaient peut-être transmettre le même message.

  1. Synopsis
  2. Le Conte du coupeur de bambous
  3. Notes de production
  4. Un homme de poids : Seiichiro Ujiie
  5. Huit ans avec le réalisateur Isao Takahata

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