La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: Concernant la collection épik (notre espace dédié aux littératures de l’imaginaire) le bilan est plus que positif ! En 2021, nous avons publié quatre romans qui ont tous rencontrés un joli succès et ont fait parler d’eux. Une année aussi sous le signe de la fantasy car la moitié des livres parus faisaient partie du genre avec deux autrices formidables : Élise Fontenaille et son incandescent Sourcière et Pascale Quiviger qui bouclait sa saga du Royaume de Pierre d’Angle (une aventure d’écriture de plusieurs années, un projet d’une qualité rare). Et les autres titres ne furent pas en reste avec une sélection dans un prix prestigieux en perspective pour Alice de Poncheville et sa Route de Ness et le prix Millepages roman SF ado pour l’inclassable Azul d’Antonio Da Silva. Une très belle année en somme !

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un événement ou une décision particulièrement marquants ?: Ces deux années sont à mes yeux incomparables. Au final, elles n’ont qu’un seul point commun : la difficulté ou l’impossibilité à ce que les événements en live s’épanouissent. Et ce manque se fait cruellement sentir, nous n’avons jamais autant coupé de nos lecteurs et des autres professionnels…
Sinon un des événements en lien avec l’édition que j’ai retenus mais qui m’a surtout profondément secoué, c’est l’enquête de Mediapart sur les agissements de Stéphane Marsan et plus particulièrement les révélations faites par les femmes concernées. Il me semble important de ne pas oublier trop vite ce genre d’affaire qui s’accompagne de prises de paroles que nous devons soutenir avec force et qui j’espère permettront de faire évoluer le milieu de l’édition et notre société.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: Pour le semestre à venir deux romans à paraître que l’on peut relier à la fantasy. Tout d’abord, début février, le roman de Mylène Mouton Dolpang. Ce n’est pas à proprement parler de la fantasy mais il parle des migoïs (que l’on connait mieux sous le nom de yétis), d’un Népal envoûtant et fantastique, du sommet des dieux et de ses gardiens, d’une histoire à trois voix aux accents de tragédie grecque. Une merveille ! Et au mois de mai, un roman de fantasy post apocalyptique écrit par Tristan Valroff (le tout premier pour ce jeune auteur), Rainbow Apocalypse, qui raconte comment les fées ont envahi notre monde et se sont joyeusement mis à le saccager. On y suivra une bibliothécaire itinérante (au passé sanglant) accompagnée d’une licorne au parler relâché et une dragonne sensible. C’est totalement barré et totalement jouissif !

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): Mon activité d’éditeur aux éditions du Rouergue concerne quatre collections couvrant une tranche d’âge allant de 6 ans jusqu’au YA. Des publications de fait très différentes, avec ou sans illustrations, des univers, des écritures, des projets qui m’emmènent sur des territoires qui ne se ressemblent ni dans la forme ni dans le fond. 2022 sera une année comme je les aime, c’est-à-dire très éclectique mais qui va m’obliger à compartimenter à fond mon cerveau et faire des acrobaties éditoriales. Tout cela est terriblement excitant mais s’annonce intense et sûrement plein de surprises.

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.