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La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Aux forges de Vulcain - David Meulemans

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: L'année 2021 fut une très bonne année pour les forges, à la fois artistiquement et commercialement (ce deuxième point est important, car notre travail n'est pas seulement de publier de bons textes, mais aussi de leur trouver lectrices et lecteurs). Nous avons lancé les deux premiers tomes du cycle de La Tour de garde de Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier, et ils ont rencontré leur public. La forme originale de cette aventure littéraire, au lieu d'effrayer, a séduit - c'est d'ailleurs exaltant de se dire, que, face à l'inconnu, lectrices et lecteurs de fantasy se montrent si audacieux et curieux ! Merci à elles, merci à eux !
Sur l'édition d'imaginaire en général, les tendances observées les dernières années se confirment. Remontée du rayon. Dissémination continue d'un esprit d'imagination dans les autres rayons (policier, littérature générale, jeunesse). Et plus de textes politiques (guerre des classes ou besoin d'inclusivité pour dire les choses de manière très générale). Ces tendances sont stimulantes.

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un évènement ou une décision particulièrement marquants ?: A titre personnel, j'ai pu participer à deux événements "imaginaire" qui ont été importants : le Mook Dune (Leha et l'Atalante) et la monographie sur Ursula K. Le Guin (ActuSF). J'ai simplement contribué aux deux projets, mais j'en tire une grande fierté. Je crois que la réflexion sur les œuvres du passé fait partie du travail de création - les œuvres de Herbert et de Le Guin sont comme des miroirs dont il faut imiter, non pas l'apparence, mais les fonctionnements. Sur Dune, je pense que l'on commence à avoir fait le tour de la question, pour l'instant. Dans le cas de Le Guin, c'est différent : il reste un très gros travail éditorial pour rendre accessible l'ensemble de son œuvre, mais nombre de maisons sont engagées dans ce projet collectif (ActuSf, l'Atalante, le Bélial, Robert Laffont, le Livre de poche, Goater, les forges de Vulcain...) donc, l'avenir appartient à Le Guin.
Je trouve que l'association des maisons éditrices d'imaginaire (le CCMI), qui comprend des maisons indépendantes, des maisons de groupe, des maisons de poche, est de plus en plus active et organisée. Et c'est aussi une très bonne nouvelle. Une manière, à la fois, en externe, de mieux partager nos passions avec les libraires et le public et, en interne, de continuer à gagner en sérieux, en éthique, en ambition artistique.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: Pour 2022, notre principal défi va être la publication des deuxièmes volumes des trilogies de La tour de garde - des volumes qui font suite à des volumes introductifs et sont donc des volumes qui déploient davantage mondes, thèmes, idées et personnages. Ce cycle raconte une aventure collective, et reste, en soi, une équipée périlleuse pour une maison indépendante, qui va à la conquête du grand public avec un mélange de sincérité et d'artisanat.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): Les effets de la pandémie sont nombreux et variés, mais une maison de la taille des forges reste très agile - nous sommes comme l'eau : nous nous adaptons sans peine aux accidents du relief, et avançons.

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.