La parole aux maisons d’édition - la cuvée 2022 !

Par Gillossen, le dimanche 3 avril 2022 à 11:00:00

Alors que 2021 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud, concernant votre maison ou la situation globale de l'édition en Imaginaire ?: Nous avons fait une bonne année, portée par plusieurs titres phares, à commencer par Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon. C’est un succès dont nous sommes très fiers, car c’est un roman de fantasy exigeant, porté par une plume féministe, qui témoigne de l’appétence du public pour des livres qui véhiculent un message fort. Il est loin le temps où l’on disait que la science-fiction sert à réfléchir et la fantasy à divertir ! Ce cliché n’a jamais été plus faux qu’aujourd’hui. S’il faut retenir un mouvement de fond ces dernières années, c’est le degré de maturité auquel est arrivé cette littérature, plus que jamais en prise avec le réel. Aujourd’hui c’est elle, le miroir de notre société.

2021 fut aussi une année de pandémie, comme 2020, mais ces deux années sont-elles très différentes l'une de l'autre à vos yeux ? Avez-vous retenu un évènement ou une décision particulièrement marquants ?: D’un point de vue purement pragmatique, la grosse différence entre ces deux années, c’est que 2020 avait été ponctuée de confinements. La fermeture des librairies a fait beaucoup de mal, à nous comme aux autres (et aux libraires eux-mêmes, bien sûr). Entre les livres qui sont sortis tant bien que mal dans le plus grand silence et ceux qui n’ont pas pu sortir, les opérations commerciales qu’on n'a pas pu jouer… Bref, on a beaucoup souffert. 2021 a eu un tout autre visage. J’ai lu dans son ensemble a fait une année exceptionnelle, et l’imaginaire s’en est bien tiré. Si je devais retenir deux événements, ce serait la sortie du film Dune, qui a mis un gros coup de projecteur sur nos littératures, et le metoo de l'imaginaire, qui nous a montré d’une part que notre milieu n’est pas à l’abri de ce type de scandale, d’autre part qu’on y trouve des femmes sacrément courageuses.

Quelle place pour la fantasy dans votre programme 2022 ?: On va se régaler ! Nous venons de terminer de publier l’intégrale des dialogues de la série Kaamelott, qui est enfin complète, ainsi que l’édition semi-poche du cycle Le fou et l’assassin de Robin Hobb. En mars, il aura la réédition en poche de La Tour du Freux d’Ann Leckie. Puis en avril, nous aurons le premier tome de la série de fantasy dystopique de Samantha Shanon, Bone Season. On enchaîne en mai avec La Neuvième Maison de Leigh Bardugo. Et puis en juin, ce sera un festival avec Crescent City 1 de Sarah J. Maas et La Cité de laiton de S.A. Chakraborty. Au deuxième semestre, nous retrouverons des auteurs francophones avec Jean-Laurent Del Socorro et son sublime Du roi je serai l’assassin, Camille Leboulanger et son impressionnant Chien du forgeron, et bien sûr Stefan Platteau pour le quatrième volet de sa saga Les Sentiers des astres : Jaunes Yeux. Et attention, gros blockbuster en fin d’année : Nevernight de l’Australien Jay Kristoff – un auteur dont on parlera beaucoup en octobre, mais je n’en dis pas plus.

Enfin, quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ? (On songe notamment à la crise du papier.): Nous avons la chance d’appartenir à un gros groupe qui traite directement avec les papetiers. De ce fait, nous sommes moins impactés par la crise du papier que les éditeurs indépendants. Notre plus grand défi pour 2022 ? Make fantasy great again ! ;-D

Propos recueillis et mis en forme par Emmanuel Chastellière.