La critique d'Alana Chantelune

Cette adaptation des trois premiers volets de la saga de Darren Shan ne peut s’enorgueillir, hélas, d’apporter du neuf aux adaptations « Jeunesse & Fantasy » qu’on nous sort à la pelle depuis quelques années. La réalisation n’a aucune originalité (hormis le très beau générique de début, qui donne tout à fait le ton de l’histoire), les effets spéciaux sont corrects et les acteurs un peu trop propres sur eux.

On s’étonne ainsi de voir le trait très forcé sur l’univers « normal » du héros : les parents et les profs de Darren sont une caricature assez effrayante, ridicule et nauséeuse de l’American Way of Life, qui n’existe pas dans le roman. Les ados sont tous vêtus de couleurs pastels et le statut de « bon garçon » de Darren est répété à l’envie. Le jeune acteur est d’ailleurs assez fade, mais cela colle bien avec le personnage sans éclat qu’est Darren au départ. A l’inverse, Steve, son meilleur ami, est stigmatisé dès le début comme un « mauvais garçon », rebelle et vêtu de couleurs sombres. Son interprète s’en sort mieux que le héros car il arrive assez facilement à exprimer sa rage intérieure sous un visage assez commun chez les jeunes acteurs américains.

Quand à John C. Reilly, qui interprète le mentor de Darren, il fait son boulot correctement et parvient à donner de la gravité à ce vampire un peu blasé. Son visage archi-connu de star comique et sa perruque rousse lui donnent un atout grotesque dans le cirque, mais l’handicapent lorsque l’histoire prend un ton plus sombre : on a alors plus de mal à croire à son personnage de sage leader des « gentils » vampires.

C’est là le grand défaut du film : en voulant adoucir le côté grotesque et sombre de l’histoire avec un humour et des personnages caricaturaux, le spectateur se retrouve avec un spectacle aseptisé. Un comble, pour un film de monstres ! Car Darren Shan, c’est pas de la rigolade : le héros doit se faire passer pour mort et abandonner sa vie « normale » pour sauver son meilleur ami… qui prendra cela comme une trahison et deviendra son ennemi juré.

Le très bon point du film, c’est le Cirque de l’Etrange, son ambiance malsaine et fascinante, et ses habitants farfelus et inquiétants. Cet univers est tellement intéressant qu’il donne une folle envie de lire les livres. Mais le film reste quand même assez sombre, donc déconseillé à un trop jeune public. Et en même temps, la simplification des personnages et de l’intrigue initiale décevra les plus âgés. On aurait voulu que l’ensemble du film ait le même ton que le générique de début, en fait.

Au final, Darren Shan est une formidable histoire. Malheureusement, le film a subi le sort hollywoodien : condenser, aseptiser, appauvrir l’histoire au lieu de donner une vision personnelle et originale d’un univers qui méritait mieux que ça.

Pages de l'article

1. Synopsis
2. L'origine du projet
3. La distribution
4. Le tournage
5. La critique d'Alana Chantelune