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Deux interviews de Karen Miller

Par Luigi Brosse, le lundi 7 juillet 2008 à 23:58:28

A propos de Godspeaker

Grasping for the Wind : Vous avez confié par ailleurs que vous essayiez d'écrire un roman très différent de La Prophétie du royaume de Lur avec Empress. De quelle manière ?
Karen Miller : Je pense que les différences principales se situent dans le contexte, qui est très loin de l'influence médiévale/Renaissance/européenne, dans le ton et des le personnage principal. Et le voyage que le lecteur effectue avec ce héros, Hekat, est très très différent de celui que les lecteurs de La Prophétie du royaume de Lur ont pu faire. Il y a aussi moins de légèreté, moins d'humour, ce qui est triste, mais c'est ainsi que le monde de l'écriture tourne. C'est un livre beaucoup plus dur à lire, je pense, parce que le monde est rude et les personnages sont plutôt dans la confrontation. C'est risqué, il n'y a pas de doute.
Vous avez également dit que vous sentiez qu'Empress était une addition nécessaire à ses suites de façon à mieux comprendre Hekat. Vos suites à Empress sont supposées être plus proche de la duologie de La Prophétie du royaume de Lur en ce qui concerne l'ambiance et le ton. Pourquoi ne pas avoir écrit ces suites comme une autre duologie indépendante ?
Eh bien, pour faire court : parce qu'il s'agissait de la manière dont l'histoire voulait être racontée (sourire). Lorsque l'idée de cette histoire m'est venue pour la première fois, le rôle d'Hekat était beaucoup plus court, mais j'ai réalisé rapidement que ça ne marcherait pas. En gros, elle voulait la vedette. Et je voulais explorer cette culture, je voulais la montrer dans toute sa sauvagerie et son mystère. Je voulais faire quelque chose de différent dans le genre, et étendre un peu plus mes ailes. Il n'y avait pas d'autre solution pour explorer le personnage d'Hekat si je n'en faisais pas le focus du premier tome, et ainsi la montrer dans le contexte de sa culture. Et du point de vue de la trilogie entière, quand on présente une culture florissante quelque part, le lecteur sait à quoi s'attendre. La menace présentée par cette culture peut être rendue viscéralement réelle. Ensuite, je ne suis pas bien placé pour décider si ce pari est réussi ou non, bien sûr. J'ai uniquement à croiser les doigts pour que les lecteurs soient heureux de continuer leur lecture !
Empress est un roman très violent, véritablement rempli de sang. C'est différent de tout ce que vous avez précédemment publié. Est-ce que ce fut difficile d'écrire quelque chose d'aussi différent de vos précédentes inventions ?
C'était difficile au début, oui. Le style d'écriture d'Empress est différent de mes autres travaux, le rythme narratif est assez distinct, et la plupart des personnages sont des gens assez difficile à comprendre. Je me suis frayé un chemin à travers la plupart du premier brouillon, à en venir aux mains avec les différences comparé à mon approche et style habituels, ainsi qu'avec le ton vraiment différent de l'histoire. Mais une fois que j'ai eu bouclé le premier jet et que je me suis mis à le réécrire, j'ai trouvé que le processus progressait de manière plus souple. Je vais ajouter que les niveaux de violence et de sang ne faisait pas partie du challenge. Ils font tellement partie de la culture qu'une fois que je me suis immergée dans le monde; tout a coulé assez naturellement. Quand il s'agissait d'écrire les passages d'Hekat, en gros j'ai fait appel à mon coté sombre et j'ai abandonné toute contrainte sociale. D'une façon étrange, ce fut très catharsique, une fois que je m'y suis abandonné !
Bien qu'Hekat soit un personnage sympathique au début du roman, on en vient à la détester à la fin. Comment avez-vous pu mettre en scène un personnage qui plutôt qu'avoir une spirale vertueuse tendant vers un « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » se déplace plutôt suivant une spirale descendante remplie d'égoïsme et de haine ? Était-ce un choix conscient que d'envoyer Hekat le long de ce chemin, ou était-ce une évolution naturelle de son caractère ?
Ah ha ! Mon plan machiavélique a été découvert ! (sourire) Oui. Hekat n'a jamais été conçue comme « la gentille » de cette histoire. Et c'est une autre des raisons pour se focaliser autant sur elle dans ce premier tome de la trilogie - l'un des fils de l'histoire est sa chute. Les choses auraient pu évoluer de façon très différente, pour tout le monde, si elle avait fait d'autres choix. Donc oui, c'était un choix conscient de l'envoyer sur cette sombre route. Ce qu'elle fait affecte son pays, son peuple, et les gens autour d'elle. Elle influe sur le monde entier. Je voulais explorer ce que c'était de suivre cette sorte de voyage personnel, et ce qui arrivait aux personnes vous entourant. Et elle a une personnalité si forte, elle ne peut que continuer. Il n'y a jamais eu le moindre doute, pour moi, qu'elle se réveille un matin et renonce à sa soif de sang. Elle n'a jamais été destinée à une fine heureuse... et je trouve ça assez triste.
Malgré tous ses défauts, Heka donne le jour à un gentil enfant. Est-ce que l'on entendra plus parler de lui dans les suites ?
Absolument, Zandakar a un rôle complet à jouer dans cette histoire, qui est lié à la vision mystique que son père a de lui, au panthéon d'Et-Raklion. Il est très important, et j'ai beaucoup d'affection pour lui.
Avez-vous fait beaucoup de recherches de cultures historiques pour créer la société barbare et la religion de Mijak ? Vous êtes-vous basée sur une société en particulier ?
Oui, j'ai fait tout un tas de recherches, mélangeant pas mal d'anciennes cultures pour arriver à Mijak. Les Hittites, Sumer, la Mésopotamie, la Perse, Babylone et Sparte, en gros j'ai lu beaucoup, j'ai regardé pas mal de documentaires de la chaîne Histoire et visité le musée d'archéologie de l'Université de Chicago (qui est splendide, tout le monde devrait y aller). Et puis j'ai réduit en purée tout ça et j'ai laissé décanter pour obtenir le monde de Mijak. C'est un bon moment ! En particulier les recherches sur les Hittites. C'était un peuple incroyable.
Pourquoi avez-vous autant entrelacé votre « système de magie » avec la religion ? Et pourquoi la religion des adorateurs du scorpion, qui nécessite des sacrifices humains, tient une place aussi importante dans Empress ?
L'un des thèmes de cette trilogie est que le rôle de la religion dans la vie des gens. On en reparle dans les suites aussi. Je pense que la religion, n'importe laquelle, est une force incroyablement puissante en bien et en mal, suivant comment elle est présentée, interprétée et suivie par les gens la pratiquant. Dans Empress, je voulais que la religion soit un fait indiscutable, je voulais que l'idée de doute soit impossible, et puis regarder l'impact de cette certitude sur une culture. Les éléments surnaturels de la religion mijakie renforce son pouvoir et son existence, c'est donc important de la présenter de cette manière. A nouveau, je ne veux pas trop en dire sur les deux autres livres ... mais j'aimerais ajouter que mon intention n'était pas de dire que la religion est une mauvaise chose, je ne le crois pas. Mais je crois que cela peut être utilisé à mauvais escient, et Mijak en est un parfait exemple.
Votre trilogie Godspeaker est terminée, elle a été déjà publiée dans votre Australie natale et est en cours aux États-Unis et au Royaume-Uni. Que pouvez-vous nous confier à propos de ce sur quoi vous travaillez maintenant ?
Eh bien, en ce moment, je travaille sur le prochain livre d'une nouvelle série qui vient d'être lancée ici en Australie, et qui arrivera en janvier prochain aux US/GB. Il est écrit sous le pseudonyme de K.E. Mills, mais c'est toujours moi ! Nous avons décidé d'utiliser un nom de plume car il s'agit d'une série - des aventures indépendantes mais avec des personnages récurrents - plutôt que deux, trois ou cinq livres qui forment un arc. Par ailleurs, l'ambiance est encore une fois très différente, surtout comparé à Empress, et l'arrière plan culturel est plus proche de l'ère victorienne. Ce n'est pas une histoire de fantasy historique épique. Ce n'est pas de la fantasy humoristique non plus, des choses sérieuses se passent, il y a beaucoup de moments dramatiques, mais il y a aussi pas mal d'humour - principalement à cause de la façon dont les personnages interagissent entre eux. Pas mal de marivaudage. La série s'appelle Rogue Agent, et le premier livre s'intitule The Accidental Sorcerer. Je me fais drôlement plaisir avec, et revenir à ce monde est énormément divertissant pour moi.
Après ça, je retournerai au monde de Lur pour le premier des deux tomes qui exploreront ce qu'il advient après la chute du Mur. Une préquelle en un volume suivra, dans laquelle je raconterai l'histoire de Barl et Morgan. Et puis il y aura le troisième Rogue Agent à écrire, et un autre Stargate SG-1, je suis grosso modo enchaînée à un ordinateur pour les deux prochaines années. (sourire)
Vous avez écrit un roman de la série Stargate SG-1 qui servait de lien avec le support visuel. Avez-vous du écrire ce roman suivant une approche différente de vos autres travaux ? De quelle manière ?
Oui et non, je prends les livres de Stargate très, très au sérieux. Je sais qu'il y a des gens qui pensent que ceux qui écrivent ces livres le font en dépit du bon sens, mais je suis franchement contre cette affirmation. Je suis une fan de la série depuis sa première diffusion, et je me considère comme extrêmement chanceuse d'avoir le droit de jouer dans ce bac à sable, avec ces personnages. J'ai une grosse obligation qui me pousse à faire le meilleur boulot possible - je le dois aux producteurs, aux acteurs, à l'équipe et aux fans, je dois mettre tout mon coeur et mon âme dans l'écriture des histoires Stargate. Et je le fais. A la fin de la journée, je peux faire court, d'un point de vue de fan, mais ce n'est pas parce que je ne prends pas le travail au sérieux. En terme d'être rigoureux dans l'écriture et la réécriture, c'est donc exactement la même chose. Il est absolument hors de question de glousser une vieille phrase et de la laisser plantée sur une page comme une tache de graisse. Je polit et je réécrit jusqu'à mon dernier souffle !
Je fais un tas de recherches. Une partie implique de regarder les épisodes en rapport et parfois il s'agit d'une recherche de style classique. Je viens de terminer mon second roman sur Stargate, Do No Harm, qui sortira dans quelques semaines, et j'ai eu énormément de recherches médicales sur celui-là. Je ne le redirai jamais assez - je ne pense pas qu'écrire des adaptations de séries soit mauvais. C'est aussi valide que n'importe quelle sorte d'histoire à mes yeux, et je travaille dessus autant que sur mes récits de fantasy classique.
La plus grosse différence probablement, avec les romans Stargate, c'est que vous travaillez sur un monde partagé avec des références en commun. Il y a donc moins besoin de construire le monde, moins besoin de le mettre en avant, parce que l'écrivain et le lecteur ont déjà connaissance de l'environnement. Cela simplifie le processus d'écriture jusqu'à un certain point. Mais c'est contrebalancé par la complexité des personnages à sonner juste, à faire en sorte qu'ils soient identiques à ceux que l'on voit sur l'écran. C'est le plus gros challenge, et le plus amusant.
Quelle réaction d'un lecteur avez-vous particulièrement apprécié recevoir ?
J'ai reçu dernièrement une lettre charmante d'un gentleman, qui m'écrivait pour me dire que sa femme avait profondément apprécié La Prophétie du royaume de Lur, qu'elle était désappointé qu'il y en ai seulement deux, et si je pouvais rectifier cela aussi vite que possible. Cela m'a vraiment fait rire ! Et bien sûr, j'étais excité pour répondre qu'effectivement d'autres allaient suivre.
Merci pour votre temps !

L'article originel

  1. A propos du Royaume de Lur
  2. A propos de Godspeaker

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