Vous êtes ici : Page d'accueil > L'Actualité fantasy

Aujourd’hui en salles : Thor !

Par Gillossen, le mercredi 27 avril 2011 à 13:31:41

Les origines

En 1962, les bientôt légendaires Stan Lee et Jack Kirby ont fait découvrir Thor aux lecteurs de Marvel Comics, inaugurant ainsi un nouveau cycle d’aventures inspiré par la légende Viking. Malgré des noms de personnages aux consonances étranges, l’intrigue prenait sa source dans des conflits universels qui ont inspiré les dramaturges depuis la nuit des temps : un fils impatient de démontrer son courage à son père, un frère maladivement jaloux, ou encore une femme aidant un homme à voir le monde d’un œil nouveau. Une lignée royale, une vengeance meurtrière, une histoire d’orgueil blessé et de déchéance?: quel que soit le contexte, ce sont là des thèmes qui méritent d’être traités. Membre fondateur de l’équipe de super-héros connue sous le nom des Avengers, Thor est né de l’imagination de l’écurie de dessinateurs Marvel Comics auxquels on doit déjà Iron Man, les Quatre Fantastiques, les X-Men et Spider-Man.

Kevin Feige, producteur de Thor et Président des Studios Marvel, se souvient : «Stan Lee raconte qu’après avoir créé, avec Jack Kirby, les autres super-héros, ils se sont dits : “Créons un dieu, et faisons chuter ce dieu !”Et dans un éclair de génie, ils se sont penchés sur la mythologie viking – car si beaucoup de gens connaissaient les mythologies grecque et romaine, la mythologie viking était méconnue. Ce sont les meilleures histoires du répertoire Marvel Comics car il s’agit de personnages très humains, même s’ils ont des pouvoirs surnaturels et qu’ils convoquent l’orage, le tonnerre et la foudre. Ils doivent faire face à des conflits familiaux, et notamment à la rivalité fraternelle entre Thor et Loki. C’est un drame familial, dont les personnages ont les mêmes défauts que nous, et que les autres héros Marvel d’ailleurs. C’est ce qui rend les personnages Marvel si attachants». Feige poursuit : «Au cinéma, on a beaucoup exploré les héros Marvel qui vivent sur Terre. Mais ce n’est pas un hasard si on parle d’univers Marvel, et avec Thor, on a choisi d’en explorer la dimension cosmique».

C’est l’aspect épique de Thor qui plaisait à Kenneth Branagh, lorsqu’il était enfant à Belfast dans les années 1960. «Il pleuvait beaucoup en Irlande du Nord, et le ciel était toujours gris», note le réalisateur. «Les couleurs des couvertures des Marvel Comics étaient éclatantes dans les kiosques, et Thor était toujours celui qui m’attirait le plus». Il poursuit : «J’aimais les qualités fondamentales de l’album : le rapport à un monde antique, la beauté des armes, l’aspect monumental de la calligraphie, et la force physique du protagoniste. C’est le premier à suivre le précepte selon lequel il ne faut pas demander à un autre ce qu’on ne ferait pas soi-même. Il faut même souvent l’empêcher de faire des choses qui semblent infaisables».

Il se trouve que c’est justement ce caractère déterminé et intrépide qui sera le talon d’Achille de Thor, et l’empêchera d’atteindre le trône qu’il convoite plus que tout. Un physique apprécié et des succès guerriers ne suffisent pas à faire d’un prince un homme capable de guider son peuple – les accès de colère, les décisions à l’emporte-pièce et les actions imprudentes peuvent au contraire provoquer la chute d’un roi. Ce sont d’ailleurs des traits qui peuvent pousser n’importe quel être humain à s’autodétruire, même lorsqu’on n’a pas de couronne à porter !

«Le génie de l’association de Marvel et de la mythologie viking est que les créateurs de la série ont compris que c’est la dimension humaine au cœur du récit d’aventures qui en constitue le ciment», observe Branagh, familier des récits légendaires, puisqu’il a bâti sa réputation grâce à ses adaptations shakespeariennes (comme comédien ou metteur en scène, sur scène et à l’écran). «Il y a quelque chose de grisant, de viscéralement jouissif à voir ces personnages partager nos sentiments».

Le producteur Kevin Feige ajoute : «Lorsque des personnages réagissent aux situations comme nous le ferions, qu’ils sont confrontés à des situations extrêmes et ne s’en sortent pas bien, lorsqu’ils doivent faire leurs preuves et essuyer toutes sortes d’échecs que nous connaissons aussi, on peut alors s’identifier à ce genre de personnages. Peu importe alors qu’on soit un milliardaire fabricant d’armes ou le fils d’Odin?: si l’on est amené à régler ces problèmes – et qu’on a des défauts – on est tout simplement humain. Stan et Jack ont été très inventifs dans les premiers numéros des aventures de Thor – que Walt Simonson a par la suite scénarisées et que J. Michael Straczynski a formidablement remises au goût du jour dans les numéros récents. Il a repris les mythes, et les a modernisés. Vous avez sans doute entendu parler de Thor, de Loki, d’Odin… mais ce que vous ignoriez est qu’ils ont vraiment existé. Et si vous pouviez voyager à travers les galaxies et l’espace-temps, vous pourriez les rencontrer. C’est le concept qui a été développé et que l’on a appliqué à cette adaptation».

Lauréat de nombreuses récompenses, J. Michael Straczynski, scénariste et auteur de la BD Thor de juillet 2007 à novembre 2009, se félicite que Branagh ait été choisi pour cette première adaptation à l’écran : «Avec son bagage classique et ses connaissances linguistiques, Ken était à même de rendre cette histoire à la fois grandiose et accessible. Il est capable de faire de ces dieux des personnages proches de tout un chacun». Kevin Feige s’explique sur ce choix?: «Comme l’ont noté des esprits plus brillants que le mien, c’est dans les BD qu’on trouve la mythologie d’aujourd’hui et Ken Branagh n’a pas son pareil pour faire d’excellentes adaptations littéraires. C’est un conteur hors pair et nous avions précisément besoin de quelqu’un qui sache raconter une histoire. Autrefois, ces récits étaient relatés autour d’un feu : c’est un peu le cas ici, la lumière du projecteur ayant remplacé le feu de bois».

Inutile de préciser que la source première pour l’équipe du film était la BD, mais à mesure que l’imaginaire des planches dessinées se transposait à l’écran, le cinéaste, les comédiens et toute l’équipe se sont aussi inspiré d’autres matériaux littéraires. L’équipe de pré-production (comme plus tard les acteurs) a ainsi travaillé avec de nombreux documents sur les Vikings et la mythologie scandinave, ainsi que plusieurs romans (comme le Siddhartha d’Herman Hesse). Chris Hemsworth, le sculptural Australien qui incarne Thor, explique : «C’était comme un cours de fac : on m’a donné des livres sur des personnages qui s’interrogeaient sur leur identité et qui devaient affronter la réalité de leur existence. Ken savait que ces livres avaient un rapport avec l’histoire que nous souhaitions raconter».

Le scénariste Ashley Edward Miller poursuit : «Thor est pratiquement invulnérable. Il a une force surnaturelle, il sait voler et possède un marteau qui contrôle les tempêtes. C’est un prince et un enfant gâté : on ne lui a jamais rien refusé et il a toujours eu le droit de faire tout ce qu’il voulait. Or, alors que d’autres héros sont mordus par une araignée ou frappés par un rayon gamma, Thor est dépossédé de tout ce qui faisait l’homme qu’il croyait être. Sans compter qu’il est banni et envoyé dans un lieu inconnu. Lui qui était prince, il est devenu un homme simple, ce qui nous le rend attachant et proche de nous». Enfin, proche de nous… si l’on a un physique de dieu et qu’on se retrouve à marcher en plein désert du Nouveau-Mexique ! C’est là qu’une scientifique, Jane Foster, mène des recherches sur des phénomènes nocturnes inexpliqués. «Jane est très concentrée sur ses recherches», déclare Natalie Portman, qui incarne cette mystérieuse scientifique. «Elle s’est spécialisée en astrophysique car elle croit en des phénomènes que ses collègues trouvent absurdes. L’arrivée de Thor semble justifier ses théories».

L’actrice poursuit : «Au début, Jane considère Thor comme un objet d’étude. C’est le seul témoin du phénomène extraordinaire qu’elle et son équipe ont observé dans la nuit étoilée du Nouveau-Mexique : il est donc essentiel à ses travaux. Peu à peu, elle commence à s’intéresser à lui et se laisse gagner par ce qu’elle éprouve pour lui. Elle se trouve ainsi confrontée à ce défi que connaissent bien les scientifiques et les universitaires : rester objectif».

À l’instar de son personnage qui se met à apprécier son statut d’étranger sur cette terre inconnue, Hemsworth s’est attaché à l’évolution humaine que connaît son personnage?: «Thor est ponctué de morceaux de bravoure, de scènes d’action et d’effets spéciaux, mais mes séquences préférées sont celles qui réunissent Thor et Jane parce qu’ils ont alors des discussions normales et qu’ils parlent de la vie quotidienne. Nous avons tourné ces scènes au Nouveau-Mexique où nous avons bénéficié d’un magnifique paysage montagneux. Il a fallu attendre que la neige fonde mais l’environnement était somptueux. C’est pour ces séquences que les recherches sur mon personnage et les lectures que j’ai faites sur la philosophie de l’existence et le questionnement de soi m’ont été le plus précieuses. Quant à jouer avec Natalie, c’était tout simplement un rêve !»

Il faut dire toutefois que Thor n’adopte pas cette attitude dès son arrivée fracassante sur Terre. Mais la vie parmi les humains, qui semblait sans intérêt depuis la planète Asgard, est une révélation pour Thor. Bien entendu, personne ne connaît sa véritable identité?: Jane et son équipe le prennent pour une sorte de nomade du désert, un peu étrange et sans doute sans domicile fixe. «C’est grâce à Jane Foster que Thor apprend de quoi sont capables les humains», reprend le scénariste Zack Stentz. «C’est l’un des aspects les plus remarquables de la nature humaine : c’est parfois quand on est dos au mur, que tout espoir semble perdu, qu’on prend la pleine conscience de qui l’on est. C’est ce qui fait le prix de la transformation de Thor et de son périple : il est tout près de baisser les bras car il n’est plus qui il était ; et il découvre alors qui il peut vraiment être».

Hemsworth va dans le même sens : «L’intérêt du film réside dans la leçon d’humilité donnée à Thor. C’est d’abord un jeune homme effronté dont les pouvoirs surnaturels sont nombreux. Lorsqu’il tient tête à son père, il écope en guise de leçon d’un exil sur Terre : il se retrouve sur le même plan que les autres êtres humains, c’est-à-dire mortel». «Ken nous a dit dès le début que c’était avant tout l’histoire d’un père et de son fils», ajoute Hemsworth. «La toile de fond est fantastique mais ce sont les rapports humains qui sont au cœur du film».

Tout mythologiques qu’ils soient, les personnages de Thor devaient être interprétés par des êtres humains, autrement dit de simples mortels. Pour incarner les habitants des trois mondes qui composent cette légende Marvel, il fallait des comédiens talentueux répondant en outre à un ensemble de critères physiques. Stan Lee, producteur délégué et créateur de Marvel, estime que «Chris Hemsworth ressemble à un super-héros». Il ajoute : «Même sans costume et maquillage, il dégage une force, une émotion et une expressivité incroyables. Lorsqu’il revêt les habits de Thor, il semble avoir suffisamment de maturité et de sagesse pour porter le poids du monde sur ses épaules».

Andy Armstrong, chef cascadeur expérimenté, renchérit : «Chris est un sacré bonhomme. Il appartient à cette rare classe d’hommes qui plaisent à toutes les femmes et auxquels les hommes s’identifient. Une fois que je l’ai vu sur le plateau, j’ai musclé les scènes d’action et intensifié les combats rapprochés. Il est aussi fort et impétueux que n’importe quel cascadeur. Il me fait penser à un Robert Mitchum d’aujourd’hui».

Comme en témoignent les décors et les costumes, le personnage a considérablement évolué au cours des 50 années où ses aventures ont été publiées. Le producteur Kevin Feige explique : «Thor a été imaginé avec une musculature qu’aucun être humain ne pourra jamais avoir. Mais nous savions depuis le début que nous ne voulions pas engager un bodybuilder ou un catcheur».

«Nous avons décidé de choisir l’acteur qui conviendrait le mieux au rôle, qu’il soit connu ou non, car le personnage est une marque à part entière», poursuit-il. «Des dizaines d’acteurs ont participé au casting et nous avons fait des essais avec quatre ou cinq d’entre eux. Mais Chris est rapidement sorti du lot. Il a une présence, de l’humour et une capacité à déclamer ces dialogues lyriques d’une façon très crédible. On s’intéresse à lui et c’est ce qui compte le plus».

La taille comptait aussi. «D’autres personnages, comme Volstagg et les Géants des Glaces, sont plus grands que Thor mais lui en impose sans aucun effet et c’était un plus<», conclut Feige. Kenneth Branagh se souvient des premiers jours du casting : «Nous avons beaucoup cherché et rencontré de très nombreux acteurs, jusqu’à être certains au plus profond de nous que nous avions trouvé la personne adéquate. Chris est très impressionnant et sa stature le prédisposait au travail physique intense auquel nous allions le soumettre. Son jeu est très particulier et il est capable de puiser dans sa part la plus animale. Au cours des essais, il nous a raconté l’un des exploits de Thor avec tellement d’enthousiasme, d’humour et d’énergie que nous avons immédiatement su que nous tenions notre personnage».

Le réalisateur a été ravi d’engager Tom Hiddleston pour incarner Loki, le frère de Thor. Après avoir donné la réplique à Hiddleston sur scène, dans une pièce radiophonique et dans la série primée Wallander, il était bien conscient de sa palette de jeu. «Il nous fallait quelqu’un qui ait une grande faculté d’adaptation et qui n’ait pas peur d’interpréter un personnage à la personnalité complexe comme Loki. Et l’alchimie fonctionnait merveilleusement avec Chris : ce sont tous les deux des types baraqués, on peut croire qu’ils sont frères, leurs qualités sont complémentaires tout en permettant de les distinguer».

Lorsque Thor arrive sur Terre, il croise le chemin de Jane Foster, une femme aussi douée que charmante. Kevin Feige raconte : «Nous voulions que Jane, la plus célèbre des femmes dont s’éprend Thor, fasse partie de ce récit des origines. Dans la BD, c’est une infirmière, mais nous avons voulu en faire un personnage plus moderne : un médecin qui a compris, pendant ses études, que l’astrophysique l’attirait bien davantage que l’anatomie. Évidemment, il fallait aussi quelqu’un de ravissant, une femme qui puisse à la fois faire craquer un super-héros et être crédible dans la peau d’une femme de tête, à l’intelligence affirmée. Dès le début, quand nous avons commencé à évoquer les actrices à auditionner, on décrivait le personnage comme quelqu’un qui nous faisait penser à Natalie Portman. Et un jour, quelqu’un a eu un coup de génie en suggérant tout simplement?: “et si on lui en parlait ?”».

Le projet avait justement bien des atouts aux yeux de la comédienne, tout juste consacrée par l’Oscar : elle adorait l’univers Marvel et avait vivement envie de travailler avec Kenneth Branagh. Au cours des nombreux rendez-vous avec le metteur en scène, il a été décidé que Jane ne correspondrait pas au cliché de la «pauvre jeune femme en détresse», mais incarnerait au contraire un élément-clé de la transformation de Thor. Natalie Portman a alors étudié un grand nombre d’ouvrages scientifiques et de biographies («qu’elle a probablement lus le soir même», plaisante Feige) : après cette préparation théorique, l’actrice a déclaré qu’elle était prête à tourner et impatiente de se plonger dans l’aventure.

Le plus important, pour l’actrice, a été de constater combien les personnages étaient travaillés jusque dans les moindres détails, y compris au sein de séquences d’action spectaculaires. «Je crois que l’implication de Ken a rendu ce projet vraiment unique», dit-elle. «J’ai travaillé sur plusieurs grosses productions et c’est la première fois que je vois un metteur en scène aussi impliqué et concentré. C’est justement l’attention portée à l’interprétation, à l’intrigue, aux détails, qui rend les morceaux de bravoure d’autant plus réalistes et, en fin de compte, plus divertissants».

Natalie Portman venait d’interpréter le rôle le plus audacieux de sa carrière?: celui de la danseuse étoile au bord de la folie de Black Swan de Darren Aronofsky et elle n’avait pas vraiment l’intention d’enchaîner avec un autre film, et surtout pas un projet d’aussi grande envergure que Thor. Elle explique : «Je sortais d’une année de répétitions et de tournage avec Darren, à faire des pointes tous les jours, à dormir quatre ou cinq heures par nuit. J’étais tout simplement éreintée. J’aurais dû m’inscrire à une sorte de cure de désintoxication ! Mais l’opportunité de travailler avec Ken était trop belle et je suis heureuse d’avoir accepté».

Dans le rôle du mentor de Jane, le Docteur Erik Selvig, Natalie Portman a retrouvé son partenaire des Fantômes De Goya de Milos Forman. Stellan Skarsgård (qui incarnait Goya) reconnaît : «Le rôle n’est pas énorme mais j’avais plusieurs bonnes raisons pour l’accepter : tourner au Nouveau-Mexique, retrouver Natalie avec laquelle je m’étais si bien entendu sur Les Fantômes De Goya, participer à un projet extraordinaire et travailler sous la direction de Ken. Même si mon personnage n’est pas extrêmement complexe et que je n’ai pas beaucoup de scènes, cela me semblait suffisant pour accepter le rôle. Et, au final, l’expérience a été plus que concluante».

Kat Dennings raconte comment elle a puisé dans ses souvenirs personnels pour aborder le rôle de l’interne ironique et observatrice qui seconde Jane et Erik?: «Mon grand frère collectionnait les BD. Plus jeune, je fouillais dans sa collection et dans ses figurines, et je dois avouer que Thor m’a toujours attirée. J’ai toujours aimé la mythologie, et Thor est le dieu du tonnerre, doublé d’un mythe viking. C’est un personnage tellement mémorable que je crois qu’il est resté gravé dans l’imaginaire des jeunes – en tout cas dans le mien. Autant dire que me retrouver dans ce film, c’était un rêve. Sans compter que c’est toujours un plaisir de retrouver des amies comme Natalie».

Face au légendaire Sir Anthony Hopkins qui interprète Odin, le roi vieillissant dont Thor est le fils, l’enjeu était de taille pour les jeunes comédiens, notamment pour Hemsworth dans la scène-clé où Thor est envoyé en exil sur Terre. Chris raconte : «Nous tournions depuis un mois, et je commençais à me sentir vraiment à l’aise et à bien cerner le personnage. Arrive le jour du grand affrontement père-fils. C’est une scène violente, dans laquelle les deux personnages hurlent. Ken va voir Anthony et lui dit : “Peu importe que tu sois contrarié et fâché. Je te mets au défi.” Anthony hésite une seconde et répond : “Très bien, bonne idée !” Et là, je me dis : mon Dieu, que va-t-il faire maintenant??»

«On refait la scène», poursuit Hemsworth, «et je fais mon entrée. J’arrive, je dis mon texte et il reste silencieux. Et là, ses yeux se remplissent de larmes. C’est un père blessé, déçu que son fils lui ait manqué de respect, qu’il ait déshonoré sa famille, le royaume et toutes les valeurs pour lesquelles ils se sont toujours battus. Et on se rend compte que ça lui déchire le cœur».

«Quand ils ont dit “Coupez !”, les gens pleuraient sur le plateau», reprend-il. «Puis l’équipe a applaudi et je me souviens m’être dit : c’est formidable… et je ne sers à rien ; autant remballer mon marteau et partir. Mais c’est pour de tels moments qu’on fait ce métier. J’ai appelé mes parents en Australie cette nuit-là pour leur raconter ça et leur dire à quel point ils devaient s’attendre à quelque chose de bien».

Tom Hiddleston (qui joue le frère de Thor, Loki) est aussi partie prenante de la scène du bannissement. Confirmant les propos de son partenaire, il renchérit?: «Il s’est passé quelque chose pendant cette prise. Comme si l’atmosphère de la pièce avait changé. Au milieu de la prise, je me suis mis à pleurer – heureusement la caméra n’était pas sur moi ! Tout le monde sur le plateau a ressenti la même chose. Après la scène, je suis allé voir Anthony Hopkins et je lui ai dit : “Tony, je dois vous dire, c’est l’une des choses les plus extraordinaires que j’ai jamais vues depuis que je fais ce métier.” Et il m’a répondu : “Il est bon, ce Branagh, n’est-ce pas??”»

Les grands acteurs peuvent aussi faire preuve de la modestie qui caractérise les grands rois. Hopkins reconnaît que s’il n’était sans doute pas un grand admirateur de la BD Thor («J’ai lu Captain Marvel, typique des bandes dessinées d’après-guerre»), il appréciait le metteur en scène : «Mon agent m’a appelé et m’a demandé si je voulais jouer Odin et j’ai donc pris rendez-vous avec Ken que j’avais déjà rencontré plusieurs fois. C’est un homme très attachant et brillant. Un acteur formidable et un grand metteur en scène. C’est l’un de ces types irrésistibles qui pensent que quand on le veut vraiment, on peut faire quasiment n’importe quoi. Et il se donne à fond – c’est sa personnalité. J’ai passé l’un des meilleurs moments de ma vie à travailler sur ce film. J’aurais bien aimé y tourner davantage, d’ailleurs !»

Dans le rôle de Frigga, la femme d’Odin, on retrouve la flegmatique Rene Russo qui, comme tous les acteurs engagés sur Thor, avait ses propres raisons pour participer au film. L’actrice sourit : «Je n’avais pas beaucoup tourné depuis trois ans quand j’ai reçu ce projet. On m’a tellement dit que je suis une actrice “contemporaine” que, même si je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, l’idée d’interpréter cette reine qui parle avec un accent et qui donne surtout la réplique à Anthony, eh bien… j’ai pensé que ce serait un sacré défi mais aussi sûrement une franche partie de rigolade ! Et au final, je me suis dit : j’ai joué une reine, et travaillé avec Kenneth Branagh—c’est vraiment cool, ça ! Je ne peux pas me plaindre de travailler dans ces conditions !»

Chris Hemsworth tire également un coup de chapeau à son metteur en scène : «Il vous pousse dans toutes les directions où votre personnage est susceptible d’aller. Il vous fait tourner six ou sept prises avec à chaque fois un angle d’approche différent de la scène : “Essaie ça, en souriant tout le long ; bien, maintenant, sois pervers.” On dirait un forgeron qui travaille sa pièce de métal jusqu’à la rendre aussi solide que possible».

Comédien chevronné, Anthony Hopkins a fait preuve de la même vigueur que les acteurs qui incarnaient ses fils. «Ken Branagh m’a rendu mon punch», reconnaît-il. «Très franchement, je commençais à penser à la retraite mais travailler avec Ken et ces jeunes acteurs a été comme une injection d’énergie dans ma vie».

Même si tous les comédiens étaient ravis de donner la réplique au prestigieux Hopkins, l’un d’entre eux reconnaît que cela l’a gêné pour composer son personnage : il s’agit de l’acteur canadien Colm Feore, qui joue Laufey, le chef des Géants des Glaces. Colm Feore plaisante : «Quand j’ai été engagé, je me suis demandé qui était vraiment ce personnage. Et quand Ken a engagé Tony, je lui ai dit qu’il me rendait la partie difficile, car entre-temps j’avais justement décidé de jouer Laufey à la manière d’Anthony Hopkins. Comment m’en sortir à présent ? Ken m’a dit : “Eh bien, on va filmer tes séquences d’abord.” J’ai revu un peu ma copie et je l’ai finalement joué un peu à la Hopkins, avec une dose de Max von Sydow et une pointe de Paul Scofield par souci d’équilibre !»

Nullement désarçonné par la taquinerie, Hopkins lui-même plaisanta beaucoup sur le tournage. «J’appelais parfois Ken “Gouverneur”», révèle-t-il. «Quand vous le regardez arpenter le plateau, il semble incroyablement sûr de lui, sans jamais être pontifiant. Il a un merveilleux sens de l’humour, il fait preuve de compassion et d’énergie, et il a une vision philosophique de la vie. Il faut beaucoup de courage pour faire un gros film comme celui-ci et il n’en manque pas. Pas seulement du talent : du courage et de la ténacité, et c’est stimulant».

De la part d’un roi, ce compliment est un signe tacite de respect absolu. Et Thor parle justement de respect entre un père, Odin, et son fils et héritier, Thor.

  1. Synopsis
  2. Les origines
  3. Le déroulement
  4. D'un monde à l'autre
  5. Tournage
  6. Un héros Marvel
  7. La critique de Witch

Dernières critiques

Derniers articles

Plus

Dernières interviews

Plus

Soutenez l'association

Le héros de la semaine

Retrouvez-nous aussi sur :