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Robert Jordan en interview chez Locus

Par Thys, le mardi 28 mars 2006 à 14:13:19

Robert Jordan dans LocusAu moment où l'annonce de sa maladie attriste ses nombreux fans et les autres, Robert Jordan se retrouve le même mois en entretien dans le dernier numéro du magazine américain Locus.
En plus de la double page ci-contre, en voici quelques extraits traduits !

Avant de commencer un livre, je m'assieds toujours un moment pour déterminer quelle quantité de l'histoire je vais pouvoir y mettre. J'ai les grandes lignes dans la tête jusqu'à ce que je me pose et commence à faire ce que j'appelle une divagation qui consiste à savoir comment assembler toutes les pièces. Au début, je pensais que La Roue du Temps ferait six livres et que je l'aurai fini en six ans.
J'ai commencé La Roue du Temps en sachant comment ça commençait et comment ça se terminait. J'aurai pu écrire la dernière scène du dernier livre il y a vingt ans : l'expression serait différente mais le contenu serait le même.
Lorsqu'on m'a demandé de décrire la série en six mots, j'ai dit Oppositions de cultures, changement de mondes, survie. Je sais que ça fait seulement cinq mots mais je déteste être verbeux. Je voulais organiser une mythologie inversée pour changer les personnages des premières scènes en ceux des dernières, un groupe de gars innocents de la campagne deviennent des individus qui ne sont plus innocents du tout. Je voulais qu'ils soient aussi candides que possible, qu'ils s'émerveillent sur tout ce qu'ils voient une fois sortis de leur village. Plus tard, ils ne pourraient jamais revenir au même endroit et être la personne qu'ils ont été.
En fantasy, vous avez le droit d'avoir une ligne qui sépare le bien du mal, le vrai du faux. Je crois que les gens veulent ça. Il y a tellement de littératures qui restent moralement ambiguës : le bien n'est pas vraiment l'inverse du mal, et vice-versa. Assez souvent, vous ne pouvez pas dire la différence entre les deux. Si on veut parler du bien et du mal en littérature classique, on le fait avec un coup de coude et un clin d'oeil pour montrer que l'on plaisante, mais en fantasy on peut dire Ceci est vrai, ceci est faux ; ceci est bien, ceci est mal.
OK, parfois il est dur de faire la différence, mais ça vaut bien la peine d'essayer.
Personne ne s'est jamais levé le matin en disant Je suis un méchant ou Je vais devenir un méchant. Ce qu'ils disent est Je veux du pouvoir. Les tueurs en séries veulent du pouvoir, ainsi que les violeurs et beaucoup d'autres, mais restons sur un exemple en particulier. Vous voulez le pouvoir et vous vous convainquez que si vous étiez au pouvoir, ce serait mieux pour tout le monde. C'est ainsi que marchent beaucoup de politiciens. Mais alors, il y a des gars qui disent Je veux du pouvoir, et si j'arrive à convaincre tout le monde que ça serait mieux pour tous, tant mieux. Je me fous complètement que ce soit le cas ou non, aussi longtemps que c'est bien pour moi. Il ne pense pas qu'il est mauvais, il essaye juste de faire du mieux possible pour lui même. Mais il est sur la voie de devenir un méchant. Malheureusement, c'est aussi le cas des gars qui disent Ce sera le mieux pour tous les gens impliqués. Si vous faites ce que vous pensez être le mieux et que vous finissez par réduire des millions de gens en esclavage, comme Lénine en Russie, êtes-vous mauvais ? Oui, vous l'êtes.

Après Knife of Dreams, il y aura un autre roman de La Roue du Temps dont le titre est pour l'instant A Memory of Light. Ce pourrait être un livre de 2000 pages qu'il vous faudrait un chariot pour sortir de la librairie. (Je crois que je pourrai convaincre Tor de le sortir avec une bandoulière affichant leur logo, puisque je les ai déjà convaincu d'augmenter le nombre des pages des livres de poche jusqu'à presque 1000 !) En fait, ça ne fera sans doute pas cette longueur, mais si je veux que ce soit cohérent, tout doit rentrer dans un seul tome. Les principaux éléments de l'histoire vont se nouer, ainsi que quelques éléments secondaires, et même tertiaires, mais d'autres seront laissés en suspens. Je fais cela délibérément, parce que je pense que ça donnera le sentiment d'un monde qui est toujours vivant et en mouvement, qui continue d'exister. J'ai toujours détesté atteindre la fin d'une trilogie pour trouver que tous les problèmes des personnages, du pays et du monde étaient résolus. C'est le dénouement total de tout, et cela n'arrive jamais dans la vraie vie.
J'ai déjà signé des contrats pour une trilogie appelée Infinity of Heaven, qui m'enthousiasme vraiment. L'idée me trotte dans la tête depuis 10 ou 12 ans.


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