Silver Wolf, Blood, Bone

Auteur/Autrice : Konda Tatsukazu
Dessin : Yukiyama Shimeji

Critique

Par Benedick, le 14/02/2018

Silver Wolf, Blood, Bone est pré-publié au Japon sur la plate-forme de lecture gratuite en ligne « Ura Sunday » Depuis plusieurs années, ce mode permet de proposer sans risques des titres sortant un peu des sentiers battus et de faciliter l’émergence de nouveaux talents, le dernier en date étant le fameux ONE créateur de One Punch Man et Mob psycho 100. Ayant attiré le succès dès sa sortie en 2015, Silver Wolf a misé sur son héros atypique pour apporter une certaine originalité dans la dark fantasy d’action, tout en conservant les codes qui font le sel de ce type de récit.
En effet, le concept d’avoir un protagoniste vieillissant apporte un regard nouveau sur certains lieux communs des mangas d’affrontement, en particulier ceux mettant en scène des adolescents. Se réveillant chaque matin avec le constat de sa dégénérescence physique, Hans Vahpet possède une froide détermination à jouer sa vie au combat, un comportement suicidaire qui apparait souvent comme outrancier ou ridicule chez des individus jeunes sains de corps et d’esprit. De même, son statut légendaire acquis par cinquante années à combattre des vampires lui apporte dès les premiers chapitres ennemis et admirateurs, ce qui évite d’avoir une sorte d’élu juvénile subitement au centre de l’attention des puissances de ce monde. Bien sûr, le « vieillard puissant » est une figure classique du manga, personnage bienveillant qui proposent conseils avisés et délivre quelques moments de bravoure pour venir en aide aux héros et impressionner le lectorat. Sauf qu’ici le vieux de service n’est pas un personnage secondaire, la caractérisation de Hans intègre son âge mais n’en fait pas un stéréotype. Car le poids des ans n’est pas la seule chose qui anime notre vétéran.
Il est aussi évident à la lecture de ce premier tome que le vieux loup grisonnant va monter sa fine équipe hétéroclite d’énervés de la castagne afin d’affronter une engeance antagoniste tout aussi baroque. Cependant, l’idée du passage de flambeau avec un héros à la fois mentor et meneur promet une certaine consistance dans les futures dynamiques de groupe. Surtout qu’en face le Némésis est à la hauteur et propose d’emblée un rapport bien malsain vis-à-vis de Hans.
D’après le bandeau publicitaire, Hiromu Arakawa, créatrice du respecté Full Metal Alchemist publié aussi chez Kurokawa, adouberait Silver Wolf. Si ce genre de mise en avant éditoriale possède les limites que le lectorat lui accorde, il est quand même possible de ressentir certaines similarités avec l’œuvre maitresse de la mangaka légendaire. L’ambiance XXe siècle, à la fois européenne et asiatique, la scénographie de l’action, le dosage entre dramaturgie et scène plus légère se rapprochent de ce que peut proposer Full Metal Alchemist, avec un graphisme plus détaillé dans le cas de Silver Wolf. Ainsi, malgré les différences de thématiques, il est possible de comprendre l’enthousiasme de Madame Arakawa. Espérons que les prochains tomes renforcent les bonnes impressions.
Parmi toutes les dernières sorties mangas que les éditeurs essaient de mettre en avant à travers la mode occidentale de la dark fantasy, Silver Wolf, Blood, Bone tire son épingle du jeu avec une certaine habileté. A l’instar de son héros, ce manga semble savoir qu’il ne peut pas en faire trop et doit donc aller à l’essentiel. Un personnage qui donne envie de le suivre dans sa mission, c’est tout ce qu’il faut pour donner sa chance à une série de fantasy.

7.5/10

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