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Wastburg

ISBN : 978-236183061-8
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : Cédric Ferrand (Proposer une Biographie)

Ouvrage nominé au prix Elbakin.net 2012.

Wastburg, une cité acculée entre deux royaumes, comme un bout de bidoche solidement coincé entre deux chicots douteux. Une gloire fanée qui attend un retour de printemps qui ne viendra jamais. Dans ses rues crapoteuses, les membres de la Garde battent le pavé. Simple gardoche en train de coincer la bulle, prévôt faisant la tournée des grands ducs à l’œil ou bien échevin embourbé dans les politicailleries, la loi leur colle aux doigts comme une confiture tenace. La Garde finit toujours par mettre le groin dans tous les coups foireux de la cité. Et justement, quelqu’un à Wastburg est en train de tricoter un joli tracassin taillé sur mesure. Et toute la ville attend en se demandant au nez de qui ça va péter.

Critique

Par Gillossen, le 25/08/2011

Difficile de passer après Jean-Philippe Jaworski et Laurent Kloetzer pour évoquer Wastburg. Avec deux parrains comme ces deux auteurs majeurs du paysage de la fantasy française, on peut dire que le roman de Cédric Ferrand disposait de drôles de bonnes fées penchées sur son berceau.
Comme Lankhmar ou Wielstadt avant elle, la cité de Wastburg représente bien sûr un personnage à part entière et ce n’est pas pour rien qu’elle donne son nom au roman. Le lecteur pénètre dans ses rues, hume son fumet, découvre (en partie) ses secrets, rencontre ses personnages, souvent hauts en couleur, un terme souvent galvaudé mais qui (re)trouve tout son sens ici.
Après un premier chapitre accrocheur et surprenant dans son dénouement même, l’auteur semble vouloir prendre son temps et nous entraîner par des venelles détournées dans une toute autre direction. Wastburg continue de se dévoiler par tranches de vies, d’histoire… Les facettes ne manquent pas et se révèlent plus souvent crasseuses qu’étincelantes. Pour autant, il ne faudrait pas croire que la cité en question écrase le roman de tout son poids ou étouffe la vie qui grouille à chaque coin de rue.
Cédric Ferrand sait en effet croquer ses personnages en quelques lignes. Souvent gouailleurs (mais la chose n’est pas systématique, et c’est tant mieux), ceux-ci possèdent une réelle épaisseur, acquise le temps de quelques répliques bien senties ou d’une anecdote bien trouvée. Il faut dire que la plume de l’auteur se distingue dès les premières pages du roman.
L’usage de termes argotiques saute aux yeux mais il serait réducteur de résumer le style du roman à ce qui fait partie intégrante de la démarche de Cédric Ferrand mais n’en demeure pas moins un ingrédient parmi d’autres. Chaque chapitre est ainsi bourré de “citations du jour” potentielles. Si l’ambiance est sombre, elle n’en demeure pas moins empreinte d’une certaine verve, d’une certaine philosophie de vie sur le mode du “il faut bien faire avec”. La vie à Wastburg n’est facile pour personne, que l’on soit puissant ou misérable (ce n’est pas le burgmaester qui dira le contraire). Et il faut savoir en prendre son parti.
L’humour, ou plutôt une mordante ironie, semble à même d’y contribuer, et c’est donc aussi une certaine faconde qui distingue le roman, qui lorgne certes peut-être chez San Antonio, mais qui évoque également (du moins, aux yeux de votre humble serviteur) Jack Vance. C’est peut-être bien la Déglingue, cette subite disparition de la magie, ainsi que cette ambiance de fin d’époque, de changement imminent et de bouillonnement (social) grandissant qui renforcent à la fois l’humour et ces références. Ici, pas de monde à sauver. Autour d’une bière servie dans une pinte pas forcément très propre, on discute plus souvent des taxes à payer ou de la prochaine porchaison que d’une énième prophétie concernant un orphelin destiné à changer la vie de tout un peuple.
L’univers construit avec soin par l’auteur, à grands renforts de petits détails qui sonnent vrai (faut-il y voir là l’influence du jeu de rôle ?), constitue donc évidemment un autre point fort du roman. Mais bien sûr, malgré tout, tout n’est pas parfait. La trame centrale tissée de chapitre en chapitre avance certes concrètement, pas à pas, mais demeure parfois un peu décousue, presque par la force des choses, du fait de la position/fonction des protagonistes mêlés à tout ça. De même, on sent parfois la patte de l’auteur à travers certains dialogues par exemple, qui sont là pour faire avancer les choses mais nous exposent tout bonnement les faits. Ce qui ne signifie pas que l’auteur a sacrifié l’intrigue à l’ambiance, comme nous avons déjà pu le faire remarquer. Au visiteur de savoir savourer cette succulente cité pour ce qu’elle est, en oubliant les guides touristiques sans saveur.
Et puis, pas de quoi ternir le tableau pour autant au final. Après tout, les rues de Wastburg sont déjà assez crottées comme ça. Et la Garde a déjà largement de quoi s’occuper !
Et nous avec.

8.0/10

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