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La Légende de Sigurd et Gudrún

Titre VO: The Legend of Sigurd and Gudrún

ISBN : 978226020816
Catégorie : Aucune
Auteur/Autrice : John Ronald Reuel Tolkien

Ce livre ne parle pas des Hobbits, il ne se passe pas sur Arda, et pourtant, il est intimement lié au Légendaire.

Découvrez ce qui fut l’un des ponts entre les deux facettes du professeur Tolkien : l’universitaire érudit de la culture norroise et l’écrivain amateur en quête d’une légende à rendre vivante.

Critique

Par Foradan, le 04/03/2010

Depuis quelques temps, les parutions françaises autour de Tolkien ont un point commun : que ce soit Les Enfants de Húrin, Les Monstres et critiques ou le récent Tolkien et ses légendes : tous, à un degré ou un autre, mettent en lumière l’influence de la poésie scandinave sur Tolkien.
Mais, dans notre culture, on connaît souvent mieux les mythologies méditerranéennes que celle du Nord. Qu’est-ce donc que cette Edda poétique-Ancienne Edda ?

Le premier mérite de cet ouvrage est de clarifier cette question dès l’entrée en matière, notamment grâce aux textes des conférences que le professeur Tolkien a prononcé bien avant de commencer son œuvre d’écrivain.

Ensuite, une fois instruit de ce qui fait la force et la particularité de la poésie islandaise, et que l’on découvre les textes en eux-mêmes, on se surprend à se faire la réflexion que c’est le même genre de  cheminement qui a conduit, quelques années plus tard, à l’écriture du « Hobbit ».
Tolkien se positionnant comme intermédiaire-traducteur entre des textes si anciens que la légende les a presque oublié et un lecteur moderne avide de ressentir l’émotion d’une histoire épique qui l’emporterait dans l’espace et le temps.

De la trentaine de textes épars, écrits en plus de 400 ans, composant les Eddas,  Tolkien a élaboré un texte unique, à la façon des anciens.

Ainsi, Tolkien propose ici ce que nous avions vu dans Les Enfants de Húrin, une version unique créée selon des sources disparates, mais avec le confort de lecture d’une œuvre originale, l’histoire telle qu’elle devait être racontée dans sa version intégrale.
Les différents commentaires et introductions fournissent les explications sur la métrique norroise, et pourquoi il est vain de vouloir y chercher une quelconque rime, la poésie se composant essentiellement de temps forts et de temps faibles, et le tour de force de la traduction est de restituer l’effet poétique par le choix des sonorités pour rendre les allitérations et assonances tout en  choisissant des mots induisant la force de l’esprit d’origine.

Pour illustration, la première strophe du Nouveau lai des Völsung :
« Jadis était un temps
où n’était que du vide,
point de sable, de flot
ni de vagues enflées ;
Terre non façonnée,
Cieux non recouverts-
Un abîme béant ;
Et de brin d’herbe, point. »

On ne trouvera pas trace des Hobbits ou des elfes, tout au plus quelques passages mentionnant Arda et les parties du Légendaire inspirées par ces contes, mais l’intérêt est ailleurs : comme dans Les Monstres et les critiques (déjà traduit par Christine Laferrière et qui continue à faire de l’excellent travail, qu’elle en soit ici remerciée), nous voyons Tolkien non pas comme écrivain de fantasy, mais dans son élément de professeur spécialiste de langues anciennes et amoureux des grandes histoires ; mais là encore, il ne faut pas gratter loin pour sentir le Lai de Leithan qui prend forme à la même école que ces « nouveaux lais », on imagine presque un scalde  de Meduseld évoquer Eorl le jeune dans les mêmes termes, on devine les répliques qui résonnaient dans la mémoire de Tolkien pendant qu’il cherchait à créer la même énergie des mots.

8.0/10

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