The Divine

ISBN : 978-159643674-9
Catégorie : Bd
Dessin : Hanuka, Asaf
Dessin : Hanuka, Tomer
Auteur/Autrice : Lavie, Boaz

Quanlom est un obscur pays d’Asie du Sud-Est ravagé par une guerre civile. Mark est un ex-militaire spécialiste en explosifs venu du Texas qui va bientôt devenir père.
Mais quand son ami Jason le contacte pour lui proposer un contrat lucratif à Quanlom, Mark va se rendre compte qu’il a signé pour bien plus que ce qu’il imaginait.
En un lieu où les mines antipersonnelles et les esprits anciens coexistent, les deux hommes vont devoir soigneusement choisir leurs alliés s’ils comptent survivre…

Critique

Par Gillossen, le 19/07/2015

Attendu par les amateurs de comics sortant un peu de l’ordinaire, The Divine peut compter il est vrai sur un pedigree renommé. Entre le prestigieux New Yorker, le film d’animation oscarisé Valse avec Bachir ou bien encore des nominations diverses et variées aux Eisner Awards, les trois auteurs de cette histoire unique ne manquent pas de talent ou de références leur ayant valu une reconnaissance certaine dans le milieu.
Aujourd’hui, en dévoilant Quanlom, un petit pays d’Asie du Sud-Est imaginaire mais rappelant évidemment par plusieurs côtés le Vietnam des années 70 (ou plus généralement des juntes où règne la loi du plus fort), ils nous entraînent dans les pas de Mark, un ex-militaire qui croyait avoir laissé cette vie derrière lui. Mais privé du poste qu’il espérait tant et avec pour une seule perspective une promotion qui n’en a que le nom, il cède finalement aux propositions de son camarade Jason, qui lui multiplie les missions plus ou moins officielles.
Mais Mark a une femme, enceinte… et donc doit bien céder aux compromis. Si The Divine brasse énormément de thèmes (la paternité justement et plus largement la famille, l’abandon, la guerre bien sûr, l’exploitation des ressources naturelles, etc, etc…) et le fait avec une vraie maîtrise, ce n’est pas non plus forcément une claque absolue une fois le volume refermé.
La faute peut-être au personnage de Jason, l’ami de Mark et va-t-en-guerre qui manque singulièrement de profondeur et reste malheureusement un pur méchant, sans aucune faille ou justification particulière derrière ses actes. Dommage, car pour le reste, si Mark de son côté est avant tout un véhicule pour le lecteur, le monde de Quanlom n’en demeure pas moins fascinant, avec une vraie dose de fantasy, à travers ses légendes et ses mythes. L’histoire prend même un petit côté Akira sur la fin, avec ses enfants livrés à eux-mêmes et pas forcément plus innocents que les adultes, bien au contraire d’ailleurs. Et sans même mentionner dans le détail certains pouvoirs, évidemment…
Il faut dire aussi que le ton brut et sans concession de l’histoire se marie parfaitement avec le trait des jumeaux Hanuka, qui rappelle justement Valse avec Bachir. Personnages taillés à la serpe, paysages tour à tour grandioses ou étouffants, mais aussi des couleurs ternes, le plus souvent, à base de grands aplats unis, qui ne font que plus ressortir certaines créatures fantasmagoriques, comme libérés du carcan de la réalité qui ne tardera pourtant pas à les rattraper… Autant dire que la forme sert parfaitement le fond, et vice-versa, dans le cadre d’une histoire menée sans temps mort (sur 150 pages), sans la moindre once de gras dans son découpage et sans faux pas du côté de la mise en scène des nombreuses émotions qui assaillent Mark et le lecteur. Avec en prime une vraie économie de dialogues, qui ne donne que plus de force à certaines scènes, à l’image de la toute fin, sans rien dévoiler ici.
Au bout du compte, du travail de pro, très solide et une vraie leçon de narration, pour une histoire que l’on aurait très bien vu comme nouvelle ou adaptée sur grand écran. Tout s’y prête. Et c’est peut-être à cause de ce récit presque sans surprise, à l’image donc du Jason suscité, que l’on ne parlera pas pour autant de chef d’œuvre ou BD de l’année.  
Reste évidemment qu’il fallait le faire. Et que ce n’est certainement pas donné à tout le monde.    
 
  

7.5/10

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