S'il y a bien un fer de lance à cette nouvelle collection Milady Graphics, c'est sans aucun doute ce Dead Moon signé Luis Royo, l'illustrateur bien connu pour ces dessins et autres peintures plus ou moins sulfureuses selon les recueils.
Mais, cette fois, Royo se veut aussi scénariste, avec une histoire d'amour impossible sur fond d'Orient lointain. Malheureusement, dès les premières pages, on se rend compte que quelque chose ne fonctionne pas : l'ennui semble littéralement coller aux illustrations, qui souvent n'en paraissent de fait que plus statiques.
Car il faut bien avouer que le Royo scénariste ne fait guère dans l'originalité. En dehors de trop rares exceptions, le lecteur anticipe le moindre rebondissement et on ne peut pas dire que l'histoire se rattrape par ses élans poético-fiévreux. Il se pourrait même que l'on esquisse un bâillement poli.
Poli, car nul doute que Royo soit, lui, sincèrement passionné par son histoire d'amour et de mort, comme souvent étroitement liés chez lui. Il n'est pas question de remettre en doute ici cet aspect des choses.
D'autant que l'objet demeure quant à lui superbe : qualité du papier, de la reliure ou de la mise en page, soin du détail concernant la plus discrète des esquisses ou la plus spectaculaire des doubles pages, couleurs, crayons, peinture, Royo déploie donc tout son art (et le décline d'ailleurs : port-folio, calendrier 2010...), et Bragelonne lui rend, de toute évidence, honneur.
Cependant, il manque là un soupçon de flamme et de densité pour tirer l'ensemble vers le haut et surtout au-delà d'une dimension qui demeure fort tristement anecdotique.
À feuilleter néanmoins...
— Gillossen