Abracadagascar, un nom qui résonne comme une incantation, comme l'alliance des  															îles et de la magie. Ce titre est un appel au voyage, et la magnifique couverture de Didier  															Graffet ne fait que renforcer cette impression d'ailleurs.
Mais c'est bien la plume de l'auteur  															qui, dès les premières lignes, confirme notre dépaysement total. A la fois dans le récit et hors  															du récit, Ménéas Marphil se révèle être un érudit et véritable conteur. Un de ceux qui savent  															faire vivre les histoires avec force et passion. Tout au long de l'histoire le lecteur se sent  															impliqué et guidé par une narration maîtrisée qui a su garder les qualités de la tradition orale.
 Les mythologies sont également au cœur d'Abracadagascar, quelles soient malgaches,  															scandinaves, grecques ou romaines. A ce sujet, le site de l'auteur offre d'ailleurs aux visiteurs  															des explications fournies sur les origines de certains noms employés dans son roman (comme Simorgh,  															Yggdrasil, Rhombe, Echidna...), liant ainsi le monde créé par l'auteur à notre univers. Cette  															intertextualité donne au livre une dimension supplémentaire et les nombreuses références invitent  															le lecteur à la curiosité.
 Ce rapprochement entre ces deux mondes, permet aussi à Ménéas Marphil de mettre en scène des personnages  															auxquels le lecteur peut facilement s'identifier. Ainsi, Piphan' est à la fois un être bon mais  															aussi un jeune garçon en colère qui doit apprendre à contrôler cette ire fondamentale, ce cri qui  															résonne en lui sans qu'il puisse le maîtriser. Certaines  espèces, comme les bucentaures, sont également  															victimes de la bêtise humaine et de l'intolérance. Les thèmes de l'héritage et de la filiation sont  															également importants tout au long du récit. Piphan', Kaylé, Salomon et Aelys doivent tous tenir compte  															d'un passé ou d'une famille qu'ils n'ont pas choisi mais qui pourtant affectent leur vie quotidienne.  															Les héros d'Abracadagascar expriment donc des sentiments qui sauront toucher nombre de lecteurs.
 Il faut également signaler le nombre important de clins d'œil appuyés à Harry Potter,  															ce qui peut déranger ou non. Car ce qui pour un lecteur, disons plus adulte, sera peut-être une gêne,  															se révèlera peut-être rassurant pour un lecteur moins assuré, plus jeune, qui aimera retrouver des  															situations ou des structures familières.
 Pour conclure, si l'intrigue de ce premier volume d'une série de cinq démarre doucement, prenant son  															temps pour mettre en place les différentes intrigues et les protagonistes, tout s'accélère dans la dernière  															partie du roman avec deux événements majeurs qui bouleversent le cours du récit et promettent action et  															rebondissements pour les tomes à venir. N'hésitez plus et partez à la découverte des îles de l'Océan Infini !
                                                                                            — Alethia