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L’année 2018 en fantasy : la parole aux éditeurs

Par Gillossen, le jeudi 15 mars 2018 à 17:45:00

Les éditions L'Atalante en 2018 - Mireille Rivalland

Alors que 2017 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ?: Malgré l’enthousiasme créé par « l’élan de l’Imaginaire » au fil de l’année, et qui a trouvé son écho légitime auprès des libraires déjà engagés auprès de nos publications, je suis inquiète de la politique d’Amazon quant à l’affichage des livres qui tend à favoriser le prix le plus bas du marché. Je note auprès de cette enseigne un affaiblissement de nos ventes ; or c’est un canal de vente non-négligeable, compte tenu du public technophile des littératures de l’imaginaire.
Toutefois, après le succès de notre offre de livres numériques depuis 2012, nous continuons à explorer la gamme des formats alternatifs de « lecture » : Les Guerriers du silence et Terra mater sont disponibles en livre audio depuis l’été 2017, suivront en 2018 La Citadelle Hyponéros et Métro 2033.

À titre personnel, hors parutions, un événement vous a-t-il particulièrement marqué ou surpris au cours de cette année écoulée (un prix, un salon, etc.) dans le paysage des littératures de l’Imaginaire ?: La venue de Guy Gavriel Kay aux Utopiales. Tant la programmation que la présence des lecteurs ont mis en valeur l’importance littéraire et intellectuelle de cet auteur. Et la remise du prix Elbakin.net pour Le Fleuve céleste ne pouvait pas mieux tomber.

Avez-vous un coup de cœur éditorial plus gros que les autres pour 2018 ? Et quelle place pour la fantasy dans votre programme ?: Mon coup de cœur du premier semestre est un roman qui, je l’espère, rencontrera le succès, grâce entre autres aux lecteurs d’Elbakin, Le chant du coucou. Nous venons d’ailleurs d’organiser un vote sur les réseaux sociaux à propos de la couverture…
C’est une histoire de changelin, dans l’après-Première Guerre mondiale en Angleterre, profondément fascinante et dérangeante. L’autrice puise dans une tradition du fantastique qui va de Frankenstein à Roald Dahl, en passant par Maupassant, et que le cinéaste Guillermo del Toro a représenté à merveille dans Le Labyrinthe de Pan (qui, lui, se situe après la guerre d’Espagne). Il y est question de créature artificielle et de modernité ; de conflit de générations et de conjuration entre des êtres dont le minimum commun est de s’accrocher au passé.
Ce livre puise aussi dans la littérature de société du XIXe mettant en scène des enfants, telles celles de Dickens et Mark Twain, et renvoie aux contes (dit cruels !) tels Le petit chaperon rouge et autres histoires de la campagne où les gens se dévorent entre eux. C'est en ce sens un livre à charge de la relation parents/enfants…
Comme ces dernières années, la fantasy représente un petit tiers de notre production, soit une douzaine de titres, les ouvrages de Terry Pratchett compris. Hormis Frances Hardinge qui rejoint le catalogue avec Le chant du coucou, nous continuons de publier les œuvres en cours de Marie Brennan (elle est de nouveau l’invitée des Imaginales en mai), Jim C. Hines et Guy Gavriel Kay.
Pas de nouvelle publication de Régis Goddyn ni de Jean-Claude Dunyach cette année… ils écrivent.

Quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?: Installer notre collection de poche dans les rayons. Ils ont beau être très appréciés, ils ne sont pas encore assez nombreux. Dix en 2017, dix en 2018. C’est un travail de fond(s) que nous avons lancé là.

En bonus, L'Atalante nous propose deux petits scoops :

Jim C. Hines, vous le savez sans doute déjà sera présent aux Utopiales mais John Scalzi a aussi dit oui. Nous nous en réjouissons.
Autre grande satisfaction, nous venons d’emporter les enchères pour l’achat d’un livre qui nous tient particulièrement à cœur : Rejoice de Steven Erikson. Nous vous donnons rendez-vous début 2019 pour la publication en français.