L’année 2018 en fantasy : la parole aux éditeurs

Par Gillossen, le jeudi 15 mars 2018 à 17:45:00

Alors que 2017 se termine à peine, quel serait votre premier bilan, à chaud ?: 2017 a été une année particulière. Pour plein de différentes raisons, nous avons dû décaler plusieurs projets, aussi bien en albums qu'en romans. C'est pour ça que par exemple, le troisième tome de Féérie de Catherynne M. Valente ne sortira qu'au printemps 2018, de même que le deuxième tome d'Ormonde de Régine Joséphine qui clôture le cycle. D'un point de vue purement commercial, nous avons trouvé l'année plus dure que les précédentes : les mises en place baissent, et dès qu'un éditeur veut innover ou proposer un peu d'originalité, ça ne suit pas et ceci particulièrement en jeunesse. Je suis toujours triste de voir que de plus en plus, un nom connu suffit à faire de bonnes mises en place en librairie alors qu'un album de qualité par des jeunes talents trouve de moins en moins d'espace.

À titre personnel, hors parutions, un événement vous a-t-il particulièrement marqué ou surpris au cours de cette année écoulée (un prix, un salon, etc...) dans le paysage des littératures de l'Imaginaire ?: Difficile de répondre... Rien ne me vient spontanément, mais cela s'explique : nous avons participé à moins de salons, j'ai eu moins de temps pour suivre les prix et lire des nouveautés. Et encore, dans ce que j'ai lu, quelques déceptions inattendues (Death's end de Liu Cixin notamment), mais ce qui m'a le plus marqué, c'est la découverte de N.K. Jemisin : vraiment remarquable.

Avez-vous un coup de cœur éditorial plus marqué que les autres pour 2018 ? Et quelle place pour la fantasy dans votre programme ?: Éternelle question des coups de cœurs ! Comme nous ne publions que peu de romans tombant dans la SF et la Fantasy, la question est biaisée pour nous. 2018 est en fait une année de transition pour nous : nous finissons le cycle d'Ormonde, nous sommes au milieu de celui de Féérie et nous devons trouver avec quoi continuer. Nous avons plusieurs pistes, notamment de livres à traduire, mais le souci principal est bien évidemment financier : acheter des droits et traduire un livre coûte cher et l'investissement est tel que compte tenu de notre taille, nous n'avons pas vraiment le droit à l'erreur. Pour en revenir au troisième tome de Féérie qui va sortir, c'est lui aussi un tome de transition dans la série car il marque une rupture, mais je ne peux pas raconter la chute et ce que cela implique pour le tome 4 !

Quel sera votre plus grand défi pour cette nouvelle année ?: Rattraper notre retard de publication et tenir le rythme des nouveautés ! Le souci est de trouver l'équilibre entre les albums jeunesse, qui chez nous relèvent presque tous des mondes de l'imaginaire, et les romans pour lesquels, notre production étant limitée, nous devons tenter de trouver non seulement des excellents textes, car les autres éditeurs font déjà cela très bien, mais des textes qui en plus soient des choix extrêmement personnels pour nous, pour qu'ils incarnent vraiment notre maison d'édition et qu'inversement on puisse se dire que Balivernes était la maison parfaite pour eux.