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La face cachée des couvertures…
Par Kathlinel, le samedi 22 janvier 2011 à 11:46:52
Damien G. Walter, blogueur du Guardian, a récemment donné son avis sur les couvertures des livres de genres.
Les couvertures de livres de science fiction et de fantasy sont aussi changeantes que le sont les codes vestimentaires d’un jeune émo, ce qui produit le même genre de réponse. Pourquoi ne peuvent-elles être comme celles des éditions Penguin Classic, ou encore la collection de poésie de Faber ? « Ennuyeux », dira l’amateur de genres tout en quittant la pièce en traînant les pieds pour aller voir ses amis. De toute manière il ne voudrait pas être vu en public avec un vieux.
Mais derrière cette illustration criarde se cache un chef-d’œuvre de la fiction.
Prenez The Hooded Wizard Assassin. Disponible sous de nombreuses variantes, la caractéristique clef de l’illustration est la figure d’un héros seul, généralement brandissant une épée, au regard vague teinté de magie, de mystère et/ou de danger. Inspiré par le jeu vidéo Assassin’s Creed, le « bad boy » des couvertures de SF fait écho à l’adolescent mâle en chacun de nous. La plupart des « bad boys » sont condamnés par leur faible QI à une éducation pauvre et à une carrière en télétravail.
D’un autre côté Jon Courtney Grimwood, auteur de The Fallen Blade, est déjà diplômé de l’enseignement supérieur et ne voit pas pourquoi il ne pourrait pas s’accrocher au « bad boys » et apprécier sa brutalité basique. The Fallen Blade se compose de deux récits. Le premier se place dans une évocation fantastique de Venise au temps de la Renaissance, tant l'atmosphère que l'architecture de la ville, la beauté de la culture à laquelle il donne naissance se marie parfaitement à l'impitoyable, la violente brutalité et la politique machiavélique.
Le second quant à lui est une aventure de fantasy avec un soupçon de romance, des hordes de vampires et loups-garous, et bien sur, pléthore de combat à l'épée. Grimwood a réussi cette fusion énergique des genres, et a fait de la profondeur littéraire sa carte de visite avec sa trilogie Arabesk. Premier livre que je recommanderais aux lecteurs qui recherchent le meilleur de ce que la SF contemporaine a à leur offrir.
Grimwood est bien loin du premier auteur qui transcenda les limites du design des couvertures de genre. La couverture originale de Crash par JG Ballard n'a pas beaucoup été appréciée des lecteurs de l'époque bien qu'elle soit aujourd'hui devenue cultissime. Quant à celle de Drachenfels par Jack Yeovil n'est pas uniquement une couverture énigmatique mais est aussi coupable d'avoir été écrite sous la franchise Warhammer, cependant elle cache pourtant un des romans de fantasy le plus élégamment horrifiants de son ère (moins surprenant quand vous découvrez qu'Yeovil était un pseudonyme pour le maestro de fantasy Kim Newman).
Mais il est indéniable que la fiction de genre a aussi sa part de « fashion-victim ». La parade ennuyeuse des tatoués, des impersonnelles jeunes femmes sur des centaines de romans mélangeant romance et paranormal est une mode qui ne peut être enrichie que par sa fin. Et la couverture originale américaine du 12ème volume de la saga La Roue du Temps semble en réalité lancer un défi au lecteur via son son héros courtaud, nous priant de tester la qualité de la prose comparée à celle de l'illustration.
L'éditeur indépendant Baen Books a pour sa part quand même élevé les mauvaises couvertures au rang d'art. Produisant des couvertures pétries de clichés militaro-chauviniste sans honte à tel point qu'il est dur de croire qu'il ne s'agit pas là d'ironie.
La conception de couvertures de genre, il me semble, peut facilement passer du divin au ridicule et cacher parfois des chefs-d'œuvre inattendus. Quel est le meilleur et le pire que peuvent offrir les couvertures de genre ?
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